Genève

La fessée bientôt juridiquement interdite en Suisse

06.05.2025 18h02 Gilles MIELOT

redac

La fessée c’est terminé. Le Conseil national interdit les châtiments corporels éducatifs. L’éducation sans violence sera inscrite dans le code civil, le Conseil des Etats doit encore valider un processus entamé depuis des années. La Suisse était l’un des derniers pays européens à faire de la résistance

La Suisse est l’un des derniers pays d’Europe de l’ouest qui n’interdit pas explicitement les punitions corporelles sur les enfants, comme la gifle ou la fessée, dans le cadre familial. L’inscription du droit à une éducation non violente dans la loi suisse a été traitée à plusieurs reprises au Parlement ces dernières années, sans jamais passer la rampe.

Hier le Conseil national a adopté par 134 voix contre 56 et 2 abstentions le projet d’éducation sans violence dans le Code civil. C'est une bonne nouvelle pour le psychologue Philip Jaffé, membre du comité des droits de l'enfant à l'ONU «Une récente étude montre que dans les pays où le châtiment corporel est interdit, le taux de suicide des filles a été divisé par deux, c'est une belle victoire pour les droits de l'enfant». 

Responsabiliser et pas criminaliser

Le droit suisse protège déjà les enfants contre les violences, l’inscription dans le code civil a une portée éducative et préventive mais pas directement pénale sauf en cas d’abus. La loi ne criminalise pas les parents mais les responsabilise, et les avis sont partagés :

«On m'a dit que même élever la voix sur un enfant c'est de la maltraitance, ça ne vas pas être simple pour l'éducation» dénonce ce papa. «Mon père quand je faisais des bêtises, il me donnait des fessées, et je lui dit encore merci, aujourd'hui, les jeunes ils ne respectent plus rien» confesse cet autre papa. Une jeune femme estime que ça ne peut pas faire de mal, et elle se souvient avoir reçue une bonne fessée méritée selon elle qui lui a remis les idées en place. 

Construire une éducation bienveillante

La nouvelle loi interdira donc les fessées même légères, et toute forme de violence éducative comme le fait de crier de manière répétée, menacer ou insulter, considérées comme de la violence psychologique, ce qui peut dérouter des parents confrontés à des enfants particulièrement turbulents. Pour Philip Jaffé, on peut contruire une éducation bienveillante «le tout c'est d'étayer les punitions un peu plus fermes avec un contexte explicatif, à chaque génération, les parents doivent trouver leurs marques». 

Cette loi permettra aussi de renforcer la sensibilisation avec des campagnes d’information ciblées. La violence physique dans l'éducation est plus rare dans les pays où elle est expressément interdite par la loi. Le Conseil des Etats devrait entériner le dossier d’ici la fin de l’année.