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La justice genevoise condamne l'islamologue Tariq Ramadan pour viol

10.09.2024 09h09

La justice genevoise condamne l'islamologue Tariq Ramadan pour viol

Tariq Ramadan a été condamné en appel pour viol et contrainte sexuelle par la justice genevoise (archives).

Photo: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Tariq Ramadan a été reconnu coupable de viol et de contrainte sexuelle par la Chambre pénale d'appel et de révision. L'islamologue a été condamné à 3 ans de prison, dont un an ferme, annonce mardi la justice genevoise. Tariq Ramadan va recourir au Tribunal fédéral.

Les juges genevois ont estimé que Tariq Ramadan avait bel et bien abusé sexuellement d'une femme, une nuit d'octobre 2008, dans la chambre d'un hôtel genevois. L'islamologue genevois, âgé aujourd'hui de 62 ans, a toujours réfuté ces accusations. En mai 2023, le Tribunal correctionnel de Genève l'avait acquitté pour ces faits.

Dans son communiqué, qui faisait suite à une information révélée par la RTS, la Cour de justice précise que la Chambre pénale d'appel et de révision 'a retenu que plusieurs témoignages, certificats, notes médicales et avis d'experts privés concordent avec les faits dénoncés par la plaignante'.

La Chambre pénale d'appel et de révision, dans son arrêt, qualifie la faute de Tariq Ramadan de 'très grave'. L'islamologue a imposé à sa victime l'acte sexuel ainsi que d'autres actes d'ordre sexuel, 'en agissant de manière brutale, violente'.

Aucun regret

Les juges ont également reproché à Tariq Ramadan d'avoir persisté à contester les faits, de s'être retranché 'derrière des explications visant à discréditer la victime' et de n'avoir exprimé aucun regret. 'Ses actes apparaissent d'autant plus répréhensibles qu'il se veut un homme de bien, de valeurs', écrit encore la Cour dans son arrêt.

Tariq Ramadan a bénéficié de la circonstance atténuante du temps écoulé. Sa santé chancelante, lui qui souffre de sclérose en plaques, a aussi été prise en considération par les juges. La peine de prison ferme a ainsi été réduite de six mois.

L'arrêt de la Chambre pénale d'appel et de révision peut faire l'objet d'un recours au Tribunal fédéral (TF) dans un délai de 30 jours.

Sur les ondes de la RTS, Yaël Hayat, qui défend Tariq Ramadan avec son confrère Guerric Canonica, a déclaré que la défense allait désormais attendre 'que le Tribunal fédéral 'soit l'arbitre' dans ce dossier et qu'il 'restitue les principes de présomption d'innocence, y compris pour Tariq Ramadan'.

Cauchemars

En première instance, la victime, surnommée Brigitte par les médias, avait raconté avoir eu peur de mourir sous les coups de Tariq Ramadan, lors de cette nuit passée à l'hôtel en sa compagnie. Elle avait expliqué que l'islamologue l'avait jetée sur le lit et s'était mis à califourchon sur elle, la frappant au visage.

En appel, la quinquagénaire avait indiqué que ces violences qu'elle avait subies avaient bouleversé son rapport avec les autres. 'J'ai un sentiment de honte, une perte de confiance en moi et je fais des cauchemars', avait-elle déclaré. La victime avait aussi concédé avoir eu de l'admiration pour Tariq Ramadan et lui avoir écrit 'compulsivement' pendant une période.

Devant la Chambre pénale d'appel et de révision, Tariq Ramadan avait contesté vigoureusement les accusations portées contre lui par cette femme âgée aujourd'hui de 58 ans, affirmant n'avoir jamais eu de relations sexuelles avec elle. 'Je suis absolument innocent de tout ce qui est dit et de tout ce qu'on affirme que j'ai pu faire', avait-il souligné.

L'islamologue avait expliqué avoir été abordé sur les réseaux sociaux par cette femme qui se montrait 'extrêmement entreprenante'. Piqué par la curiosité, il lui avait proposé de la rencontrer. C'est une fois à l'hôtel avec elle que Tariq Ramadan a déclaré avoir eu l'impression d'avoir été piégé. La victime portait des extensions de cheveux et avait ses règles.

La plaignante soulagée

'Brigitte' a fait part de son 'énorme soulagement' au micro de la RTS. 'J'avais commencé à perdre confiance en moi, en la justice (...). Il me faudra du temps pour recommencer à vivre', a-t-elle déclaré.

Pour ses avocats Robert Assaël et Véronique Fontana, 'la vérité a enfin triomphé'. L'arrêt de la Chambre pénale d'appel et de révision 'balaie tous les arguments fantaisistes du prévenu, qui n'a eu de cesse de salir la victime et de la discréditer, pour préserver son image déjà bien écornée', ont-ils ajouté.

'A l'inverse du Tribunal correctionnel, la juridiction d'appel a tenu des débats dignes, équilibrés et à l'écoute de toutes les parties', ont souligné les deux avocats. Ils ont rendu hommage au 'courage', à la 'résilience' et à la 'détermination hors norme' de leur cliente.

En France, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris avait décidé, au début de l'été, de renvoyer Tariq Ramadan devant la cour criminelle de Paris pour des viols sur trois femmes, commis entre 2009 et 2016.

/ATS