Genève

La justice genevoise va trancher la libération d'Erwin Sperisen

19.09.2023 18h23 Denis PALMA

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Erwin Sperisen ne sortira pas de prison. Le Tribunal fédéral a refusé une demande de mise en liberté de l'ancien chef de la police nationale guatémaltèque, a révélé la RTS. Jugé à Genève, ce binational est emprisonné depuis 11 ans en Suisse pour avoir participé à des assassinats de détenus au Guatemala. Ses avocats ont saisi le Conseil de l'Europe.

Erwin Sperisen reste incarcéré dans la prison bernoise de semi-détention de Wittswil, dans le canton de Berne, où nous l'avions rencontré en juin. Il évoquait alors sa libération qu'il espérait prochaine. «Dès que je suis libéré, ma priorité revient à ma famille», lâchait alors le colosse détenteur de la binationalité guatémaltèque-suisse.

«Que cela se passe en Corée du Nord cela s'envisage, mais pas en Suisse»

Mais il devra encore attendre. Ses avocats avaient pourtant demandé au Tribunal fédéral sa libération immédiate en s'appuyant sur un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme daté du 13 juin. Selon la Cour, Erwin Sperisen n'a pas eu droit à un procès «impartial». Mais le Tribunal fédéral a rejeté cette demande. Un scandale selon Me Giorgio Campa : «Le Tribunal fédéral aurait dû immédiatement libérer Erwin Sperisen. Il est scandaleux qu'à ce jour encore mon client soit encore détenu. En Suisse, on peut être détenu pendant 11 ans sans jamais avoir eu un procès équitable qui respecte les droits de l'homme. Cela dépasse l'entendement! Que cela se passe en Corée du Nord cela s'envisage, mais pas en Suisse», s'insurge le conseil de l'ancien chef de la police guatémaltèque.

Aucun effet direct sur le fond de la condamnation

Pour motiver sa décision, la plus haute instance du pays indique dans une ordonnance qu'elle n'a pas la compétence de libérer Erwin Sperisen car «il n'est pas détenu sous l'autorité du Tribunal fédéral.» Les juges de mon repos estiment également que l'arrêt de la CEDH ne déploie aucun effet direct sur le fond de la condamnation de l'ancien chef de la police guatémaltèque. Ce que contestent ses conseils. «L'arrêt est entré en force la semaine passée», indique Me Giorgio Campa. Il exige que la justice suisse l'applique : «Nous demandons que le Conseil de l'Europe s'assure par la Suisse de l'exécution de l'arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme. Ce que la Suisse se permet de faire est totalement illégal», conclut l'avocat d'Erwin Sperisen.

Le Tribunal fédéral doit encore statuer sur la révision du procès. À Genève, une requête d'interruption immédiate de l'exécution de la peine d'Erwin Sperisen a été déposée par ses avocats. Le tribunal d'application des peines et mesures tranchera cette requête à une date encore inconnue, nous indique le chargé de communication du pouvoir judiciaire. L'audience sera publique. Erwin Sperisen peut malgré tout espérer une libération dans les mois à venir puisqu'il atteindra les deux tiers de sa peine en février 2024. L'ancien chef de la police guatémaltèque a été condamné à 15 ans de prison pour complicité d'assassinats de détenus en 2006 au Guatemala.