La ville de Genève veut sa maison du hip-hop
Le Conseil municipal a validé sur le principe la création d’un espace dédié à cette culture urbaine. La gauche, soutenue par le centre et le MCG, pousse l’exécutif à concrétiser ce projet attendu de longue date par les artistes.
Un lieu pour toutes les disciplines
Alors que les infrastructures manquent à Genève, une majorité du Conseil municipal demande au Conseil administratif d’étudier la faisabilité d’une maison du hip-hop. L’idée : créer un lieu permanent qui réunirait l’ensemble des disciplines de cette culture populaire. À Paris, La Place — maison du hip-hop soutenue par la Ville — fait figure de modèle.
Des soutiens clairs à gauche et au centre
Le Vert Omar Azzabi a porté le projet avec conviction, n’hésitant pas à évoquer les inégalités culturelles dans la répartition des moyens publics. «Aujourd’hui, le hip-hop est la culture la plus suivie, la plus écoutée, la plus pratiquée dans le monde, et pourtant elle ne bénéficie pas d’une politique publique claire», a-t-il rappelé. «Il est temps de répondre à des besoins exprimés par les artistes et les pratiquants depuis plus de 20 ans.»
Le PS a également soutenu le principe, en plaidant pour une reconnaissance pleine du hip-hop comme culture à part entière. «Oui, cette culture mérite un lieu. Et non, les maisons de quartier ne suffisent pas», a résumé Olivia Bessat Gardet.
Le MCG, de son côté, a voté en faveur du projet, tout en critiquant son arrivée tardive. «Il faut attendre la fin de la législature pour enfin en parler, alors que certains sont aux manettes de la culture depuis 15 ans», a taclé Daniel Sormanni.
Oppositions à droite
L’UDC s’est opposée à la motion, estimant que le hip-hop doit rester un mouvement libre et non institutionnalisé. «C’est un milieu profondément indépendant, il faut se méfier des logiques d’intégration institutionnelle», a averti Pascal Altenbach.
Le PLR, favorable au principe, a rejeté le texte de la gauche. Michèle Roullet plaide pour un projet porté à plusieurs niveaux : «Une telle maison ne doit pas être uniquement municipale, mais cofinancée avec le canton, les communes et des partenaires privés.»
À l’exécutif de jouer
Le Conseil administratif est désormais chargé d’étudier le projet et d’identifier des lieux potentiels. Tout juste arrivée à la tête du Département de la culture, Joëlle Bertossa pourrait faire de cette maison du hip-hop l’un des marqueurs forts de sa législature.