Genève

Le GESDA permet d'oeuvrer pour le bien commun selon Cassis

14.10.2022 11h32

Cassis appelle à ne pas ostraciser les scientifiques russes

Le président de la Confédération Ignazio Cassis estime que l'Anticipateur de Genève sur la science et la diplomatie (GESDA) peut aider à préparer des discussions politiques entre Etats (archives).

Photo: KEYSTONE/EPA/FILIP SINGER

Le président de la Confédération ne veut pas d'une exclusion des scientifiques russes. Selon Ignazio Cassis, l'Anticipateur de Genève sur la science et la diplomatie (GESDA) rassemble et 'sera le thème principal de la prochaine décennie dans la Genève internationale'.

'Aucune guerre n'a jamais réussi à stopper la recherche scientifique', a affirmé vendredi à la presse à Genève le président, au terme du second sommet de cette initiative portée par la Suisse. 'Les scientifiques ont un langage commun', dit-il.

La Suisse n'est pas le seul pays pour lequel le dialogue sur la recherche est difficile avec l'UE. La collaboration des 27 membres avec Moscou a été diminuée sur cette question après l'offensive russe.

Vendredi, M. Cassis était entouré, à Genève ou à distance, de ministres ou vice-ministres de cinq Etats des différentes régions. Comme dans presque toutes les réunions internationales actuellement, la guerre en Ukraine a été abordée.

Rappelant que son pays était sous la menace russe, le chef de la diplomatie estonienne Urmas Reinsalu s'est opposé à un dialogue trop rapproché avec les scientifiques de ce pays. Alors même que ceux-ci sont financés par des pouvoirs publics qui utilisent la science 'dans l'agression contre l'Ukraine'.

Contre quelques 'groupes d'oligarques'

'Nous ne pouvons pas être sûrs que des technologies que nous avons lancées pour des raisons pacifiques ne soient pas utilisées' dans la guerre, a affirmé le ministre. Mercredi, le président du GESDA Peter Brabeck-Letmathe avait lui-même dit que la plateforme ne pourrait être utile dans un conflit comme celui en Ukraine, 'alors qu'aucune volonté politique' de ne pas instrumentaliser la science comme une 'arme' n'est observée.

Pour le président de la Confédération, l'Anticipateur doit largement rassembler. Il 'faut faire attention' au moment de remettre en cause l'utilité d'un dialogue avec les scientifiques russes. D'autant plus que M. Cassis considère comme une erreur de ces dernières décennies l'exclusion de voix divergentes. Le radar du GESDA, qui tente d'anticiper les avancées scientifiques sur 5, 10 et 25 ans pour l'être humain, la société ou encore le climat, est alimenté par des centaines de scientifiques de dizaines de pays.

Dans son discours devant les près de 1500 participants à ce sommet hybride de trois jours, le président de la Confédération a estimé que le lien entre science et diplomatie devrait être au centre de la Genève internationale dans la prochaine décennie. Et même 'la thématique principale', selon lui.

Il a rappelé sa volonté de faire du GESDA un outil pour le 'bien commun' qui permette d'éviter les confrontations habituelles des négociations entre Etats. Et que celui-ci fasse en sorte que les avancées scientifiques ne soient pas entre les mains de quelques 'groupes d'oligarques'.

Grâce au GESDA, des solutions 'peuvent s'affiner', selon le président de la Confédération. L'Anticipateur doit être un 'outil' pour les décideurs afin de 'revigorer le multilatéralisme' et qu'ils puissent ensuite discuter de l'application de dispositifs.

Situation 'explosive' en Europe

La réponse diplomatique à la combinaison des avancées scientifiques et technologiques doit être accélérée, selon lui. Il faut le faire en anticipant, avant que les problèmes n'arrivent, ajoute le président de la Confédération.

Mercredi, le GESDA avait notamment proposé le lancement d'un Open Quantum Institute (OQI) d'ici 5 ans au plus tard à Genève pour garantir que les technologies quantiques puissent bénéficier à tous. Dans la discussion de vendredi avec les ministres, une proposition a été lancée par l'un des participants pour un accord international pour éviter la 'militarisation' de ces technologies.

'Nous sommes ouverts à tout, mais il est trop tôt', affirme de son côté M. Cassis. Il attend de voir ce que les parties prenantes au GESDA en diront. Berne et les autorités genevoises ont récemment étendu pour dix ans le soutien financier à l'Anticipateur.

Celui-ci 'est très utile' actuellement face à l''urgence des défis' et 'la rapidité des changements' auxquels la communauté internationale est confrontée, a insisté M. Cassis. Il faut rester 'optimiste' pour les prochaines années malgré l'Afghanistan, la Syrie, la guerre en Ukraine et une 'situation sécuritaire explosive' en Europe, selon le président.

/ATS