«Le Grand Conseil doit reprendre la main sur les prix de l’énergie»
La polémique sur les tarifs de l’énergie provoque une fronde au parlement. Après une motion du PLR demandant au canton de s’aligner sur les prix recommandés par le surveillant fédéral, le parti de Pierre Maudet veut aller encore plus loin, a appris Léman Bleu. Dans un projet de loi qui sera soumis demain en plénière du Grand Conseil, LJS propose que ce dernier fixe les tarifs de l’énergie à la place du Conseil d’État. Une majorité de députés s’accorde pour étudier la proposition en commission.
D’un côté, le surveillant fédéral des prix estime que les tarifs du chauffage à distance genevois sont 25% trop chers, alors même que le peuple a accordé un monopole en la matière aux SIG. De l’autre, les Services industriels et leur département de tutelle contestent cette évaluation, invoquant un mode de calcul différent.
Cette cacophonie a entraîné la fronde du parlement. Demain, le Grand Conseil se penchera sur la motion de la députée PLR Diane Barbier-Mueller, qui invite le Conseil d’État à aligner les tarifs du chauffage à distance sur les recommandations du surveillant fédéral.
Un projet de loi plus contraignant
Allant plus loin, Libertés et Justice Sociale veut retirer au gouvernement la compétence de valider les prix de l’énergie pour la confier au parlement. «Malheureusement, les SIG et le Conseil d’État refusent d’appliquer le juste prix. Comme nous l’avons fait avec les TPG, nous proposons que le Grand Conseil applique ces tarifs», explique le député Stefan Balaban, auteur du projet de loi.
Le PLR reste sceptique, tout en se disant ouvert à la discussion en commission. «Nous sommes aux limites de l’exercice, car ce projet de loi revient quasiment à internaliser les SIG s’ils ne peuvent plus fixer leurs tarifs», estime le député Adrien Genecand.
L’UDC, par la voix de Stéphane Florey, se montre favorable à un contrôle parlementaire des tarifs de l’énergie, mais juge que le texte doit être affiné en commission. «Ce que ne dit pas ce projet de loi, c’est comment on va le mettre en œuvre. De mon côté, je pense que c’est au Grand Conseil de fixer ces tarifs, mais pas de cette manière.»
La gauche prudente
À gauche, Les Verts se disent ouverts à la discussion en commission, mais estiment que la fixation des tarifs ne doit pas être dissociée de la stratégie des SIG. «Le Grand Conseil surveille déjà les SIG à travers le vote de leur budget. Je suis ouvert à la discussion, mais retirer toute prérogative au Conseil d’État et au conseil d’administration des SIG, c’est non», tranche l'élu vert Pierre Eckert.
Le PS partage cette prudence. «Calculer ces tarifs est extrêmement complexe. Nous demandons avant tout de la transparence. Est-ce que le Grand Conseil est la meilleure instance pour valider les tarifs? Nous verrons en commission», déclare Thomas Wenger, président du parti socialiste.
Le projet de loi du parti de Pierre Maudet et la motion PLR seront discutés demain en plénière. À ce stade, seul le MCG se dit prêt à voter immédiatement le projet de loi LJS. Tous les autres groupes appellent à un renvoi en commission de l’énergie.