Genève

Le Grand Conseil genevois vote le budget 2024 de l'Etat

15.12.2023 18h00 Rédaction / ATS

FONTANET

Le Grand Conseil genevois a voté vendredi, au terme de deux jours de débats, le budget de l'Etat 2024, qui affiche un léger déficit de 48,3 millions de francs. La majorité de droite, qui avait taillé dans les dépenses en amont, n'est quasiment pas revenue en arrière.

Ce budget est passé par 55 voix (PLR, Le Centre, MCG et Libertés et justice sociale) contre 45 (gauche et UDC). Les charges s'élèvent à 10,37 milliards et les revenus de10,33 milliards. Les investissements nets atteignent à 695,7 millions.

La cheffe du Département des finances, Nathalie Fontanet, était "soulagée et déçue". Soulagée, car le canton "n'est pas passé loin de la Genferei" et que "le budget est quasiment équilibré", mais déçue car ce budget "ne donne pas les moyens nécessaires pour mettre en oeuvre le programme de législature".

Des coupes "obsessionnelles"

La première mouture du projet de budget présenté par le Conseil d'Etat en septembre affichait un déficit de 255,7 millions. Ce dernier avait ensuite été réduit à 100,5 millions grâce à des prévisions fiscales revues à la hausse.

La commission des finances a finalement effectué des coupes de l'ordre de 55 millions pour arriver à un déficit de 44,8 millions. Elle a notamment biffé 157 postes, dont 70 pour le Département de l'instruction publique, sur les 367 nouveaux que demandait le Conseil d’État. Des coupes qualifiées d'"obsessionnelles" par la gauche qui estime que ce budget ne répond pas aux besoins de la population.

Cap à droite

L'élaboration et l'adoption de ce budget reflètent la nouvelle constellation politique issue des élections cantonales du printemps dernier. Le Grand Conseil, qui est nettement à droite, refuse d'être une simple chambre d'enregistrement du Conseil d'Etat, qui est lui aussi à majorité de droite.

"Il n'y avait pas besoin de procéder à ces économies forcées", avait pourtant relevé jeudi Mme Fontanet. La Grande Argentière PLR a rappelé à plusieurs reprises aux députés que les finances cantonales étaient saines.

Ce message n'est pas passé dans son propre parti qui plaide pour une réallocation des ressources. "Nous n'avons pas un problème de moyens, mais de gestion des moyens", a relevé le député PLR Yvan Zweifel. Les appels des conseillers d'Etat pour revenir en arrière sur les coupes n'ont quasiment pas été entendus.

Plan crack soutenu

Les députés ont toutefois accordé des moyens supplémentaires (douze postes au sein de la police) pour mettre en vigueur le plan de lutte contre le crack élaboré par le Conseil d'Etat. Ils ont aussi accepté la subvention d'un million de francs pour l'association Première ligne, qui gère le lieu d'accueil des consommateurs de crack.

Deux postes ont aussi été octroyés afin de retranscrire les auditions de mineurs victimes de violences. Mais au final, ce budget qui a suscité de longs débats ponctués par près de 180 amendements et quelques échanges musclés entre la gauche et l'UDC, en particulier sur l'immigration, n'a que peu été remanié en plénière. Il prévoit notamment une indexation des salaires de 1% de la fonction publique et le maintien des annuités.

"Sincérité budgétaire"

L'UDC, qui par principe a refusé cette feuille de route déficitaire, a remis en cause la sincérité budgétaire du parlement. En effet, des crédits complémentaires devront être demandés en commission des finances afin d'assumer des charges contraintes. C'est notamment le cas des repas pour les détenus, dont le prix a augmenté.

Il s'agissait du premier budget de la nouvelle législature. Le Conseil d'Etat l'avait présenté comme un budget de transition, "sans grandes impulsions politiques", selon le conseiller d'Etat Pierre Maudet. Les prochains budgets devraient intégrer les priorités du plan quadriennal. Une baisse de la fiscalité pour la classe moyenne et des mesures d'économie, dont la suspension de l'annuité des fonctionnaires en 2025 et 2027 sont prévues.