Genève

Le Grand Genève est un mythe

10.11.2023 17h20 Gilles MIELOT

redac

Le Grand Genève est un mythe pour l’économiste français Jean-Louis Meynet. C’est le titre de son ouvrage qui pointe les problèmes de gouvernance d’un territoire sans vision. Inégalités sociales, manque de leadership, pas d’identité régionale commune, mitage du territoire, un diagnostic sans concession. Rencontre.

Jean-Louis Meynet est un enfant de la région, né à Saint-Julien, il habite dans le pays de Gex. Economiste, expert en développement urbain, il pointe une croissance débridée et les carences des politiques qui font du Grand Genève un mythe.

«Le politique a beaucoup de difficultés à partager du diagnostic, à identifier les points durs, le logement, la santé, la formation», déclare Jean-Louis Meynet. La France voisine est décrite comme un réservoir de main d’œuvre qui sert l’économie genevoise sans grande considération politique et sans vision territoriale.

«Côté français on n'a pas suffisamment anticipé, organisé le territoire, on voit fleurir une banlieue débridée, et Genève ne peut pas être Genève sans cette région frontalière, sa richesse en dépend, le politique genevois a tout intérêt à prendre cette probématique en main».

Une France voisine dépendante et condamnée à rester dans la roue de Genève notamment avec la rétrocession des fonds frontaliers. «Ce financement fait partie du fond de roulement des collectivités, cela entraine une dépendance». Jean-Louis Meynet pointe un manque de vision politique à long terme qui pourrait être préjudiciable à la région.

«Ce territoire a besoin d'un projet, d'un nouveau logiciel, ça demande un effort qui est d'une autre nature que de négocier des P+R ou les fermetures des petites douanes. Il faut aller chercher les acteurs, les inviter à travailler ensemble, sur des développements de projets, dans le domaine industriel, culturel ou sportif, il y a des champs nouveaux qui peuvent être ouverts».

Pierre-Jean Crastes: «L’explosion du flux frontalier a désorganisé les territoires»

Le diagnostic est sévère mais est-il partagé ? Le président de la communauté de communes du Genevois, Pierre-Jean Crastes, dresse un constat frappant avec un décalage marqué entre deux visions antagonistes. 

Pierre-Jean Crastes fait un diagnostic clair. Pour lui, c'est une «coopération» transfrontalière qui est préconisée aujourd'hui. Or, il constate un probable «désaccord sur le devenir du territoire» entre la Suisse et la France.

«Il existe une volonté de "régater à l’internationale" côté genevois et pour cela elle a besoin de croître. Côté Français, on observe une compréhension que le plancher social est enfoncé, que le plafond environnemental est dépassé et qu’il faut modérer la croissance», analyse Pierre-Jean Crastes. Deux visions qui lui amène à affirmer que «l’explosion du flux frontalier a désorganisé les territoires».