Genève

Le foie gras obtient un nouveau sursis

06.06.2023 17h29 Gilles MIELOT

redac

Sursis pour les amateurs de foie gras. Une motion visant à en interdire l’importation en Suisse, acceptée par le national, attendait le verdict du Conseil des Etats. Le vote qui devait avoir lieu aujourd’hui a été reporté. Ce dossier met une nouvelle fois en lumière la frontière entre romands et alémaniques.

Un fossé culturel qui dépasse la maltraitance animale. Une tradition alimentaire très prisée des romands, 71% en consomment contre 15% du côté des alémaniques. Entre 200 et 300 tonnes de foie gras sont importées chaque année, la plupart écoulée en Suisse romande. Un chiffre d’affaire non négligeable pour les professionnels. «On se fait beaucoup de souci, on risque de perdre pas mal de chiffre d'affaire, nous commercialisons une tonne de foie gras par an» s'inquiète Franck Rollet le directeur de la boucherie du Molard.

Pour d’autres on nage en pleine hypocrisie. «Suivant d'où il vient, comment sont élevés les canards, pourquoi interdire plus le foie gras que le poulet qui vient du Brésil qui n'a jamais vu le jour et qui est vendu à la Migros» ironise Mathieu lagache, le gérant du Bistrot des Halles de Rive.

Le Conseil des Etats qui a déjà repoussé le débat très clivant entre partis a encore une fois ajourné le vote, faute de temps dans un ordre du jour copieux. Si l’interdiction venait à être votée, les amateurs de foie gras trouveraient la parade. «Les consommateurs n'auront qu'à passer la frontière pour trouver du foie gras, on ne ferait que déplacer le problème» relève Michel Bochu, charcutier.

Une majorité qui vote pour interdire à une minorité une pratique alimentaire voilà ce qui froisse les sénateurs qui devront bien finir par se prononcer. L’épée de Damoclès a cette fois une deuxième lame, une initiative pour l’interdiction a été lancée l’été dernier par une quinzaine d’organisations de protection des animaux qui ont jusqu’à la fin de l’année pour récolter 100 000 signatures.