Le libre choix du médecin menacé
Le principe du libre choix du médecin, pilier de l’assurance maladie en Suisse, est en danger. Un projet de loi porté par le Centre, déjà accepté par le Conseil des États, sera voté demain par le Conseil national, rapporte Le Temps. Ce texte vise à rationaliser les coûts de la santé en donnant plus de pouvoir aux assureurs, au risque de restreindre l’accès aux médecins.
Jusqu’à présent, chaque assuré peut librement consulter un médecin ou un spécialiste agréé. Avec cette réforme, ce choix pourrait être limité, notamment dans les régions où l’offre médicale est jugée excédentaire. L’objectif affiché: maîtriser l’explosion des coûts de la santé.
Médecins et canton vent debout
À Genève, l’Association des médecins s’insurge. Son président, Michel Matter, met en garde: «Le patient serait la première victime de ce changement. Ceux qui paient déjà des primes très chères ne pourraient plus choisir leur médecin de confiance. Ce serait un véritable parcours du combattant pour savoir quels médecins ou spécialistes seront remboursés. Il faudra faire des check-lists !»
Le ministre genevois de la Santé, Pierre Maudet, partage ces inquiétudes. «On donnerait la totalité des clés du camion aux assureurs, qui deviendraient les principaux pilotes d’un système déjà opaque et complexe», alerte-t-il. Il rappelle que cette réforme touche à l’assurance de base, un domaine relevant du service public et de l’universalité des soins.
Un référendum en vue?
Si le projet est adopté, les médecins promettent de lancer un référendum. Des propositions similaires avaient déjà été massivement rejetées en 2008 et surtout 2012, avec plus de 75% des voix contre. Le libre choix du médecin reste un principe sensible en Suisse. Reste à voir si les citoyens confirmeront, une fois de plus, leur attachement à ce droit fondamental.