Le marché genevois de la drogue bouleversé avec l'arrivée du crack
Le crack est de la cocaïne diluée, qui se présente comme une pâte cristallisée et se fume (archives).
Photo: KEYSTONE/DPA/BORIS ROESSLERL'explosion de la consommation de crack à Genève a commencé après l'arrivée en 2021 de trafiquants vendant de très petites doses à très bas prix, indique le vice-directeur d'Addiction Suisse. La proximité avec la France a certainement joué un rôle, selon lui.
Les vendeurs de crack, 'souvent originaires du Sénégal, étaient déjà présents à Paris et dans d'autres grandes villes de France comme Lyon', explique dans un entretien diffusé lundi par Le Temps Frank Zobel, coauteur d'une étude sur le sujet.
Le développement de cette nouvelle offre a bouleversé le marché genevois de la drogue, ajoute-t-il. 'Jusqu'ici, la cocaïne fumée, soit le crack, était surtout répandue en Suisse alémanique [...] Genève faisait figure d'exception en tant que 'ville de l'héroïne''.
Les plus petites doses de crack sont désormais accessibles à 10 francs, voire moins, constate M. Zobel. 'En général, les doses de cocaïne coûtent entre 20 et 30 francs'. Il appelle les autorités des autres cantons à être vigilantes. 'Pour l'instant, on a eu quelques échos dans la région d'Yverdon[-les-Bains (VD)], mais rien de comparable à Genève'.
'Un signal d'alarme'
L'arrivée à Genève de cette nouvelle offre, combinée au caractère hautement addictif du crack, a créé un 'cocktail explosif', estime le responsable. 'C'est un signal d'alarme'. Il préconise la mise sur pied d'un 'plan d'action à plusieurs niveaux en prenant exemple sur les villes qui ont connu ce genre de problème, comme Dublin, Paris ou Londres'.
Le dispositif des quatre piliers 'reste juste dans ses fondamentaux', mais il doit être ajusté, estime M. Zobel. En mai, les députés genevois ont approuvé une motion demandant d'ajouter un cinquième pilier à cette politique.
Ce nouveau volet social vise à couvrir les besoins essentiels des consommateurs démunis et désinsérés afin de favoriser leur adhésion à un suivi thérapeutique. Les usagers du crack ont doublé entre 2021 et 2022 à Genève, selon le département genevois de la sécurité, de la population et de la santé (DSPS).
/ATS