Le permis S n'est pas une gageure pour un emploi
Deux ans après le début du conflit en Ukraine, le permis S n’offre toujours pas toutes les garanties d’emploi sur le marché du travail. Délais administratifs trop longs, problème de langue, les obstacles restent nombreux.
65 000 statuts S aujourd’hui en Suisse. Un sésame dédié aux réfugiés ukrainiens qui facilite les démarches et qui permet de travailler sans délai. Voilà pour la théorie, mais en pratique, les obstacles sont nombreux. Galyna en est le parfait exemple. Arrivée avec sa sœur et son neveu, diplômée en comptabilité, elle n’a pas réussi à trouver un emploi dans sa branche.
«Je dois continuer à apprendre le français, et peut-être une formation de comptabilité, j'ai pensé à un métier manuel, et à ce que je pouvais faire avec mes mains, comme faire des compositions florales».
Pour les permis S à Genève, 10% seulement arrivent à s’insérer sur le marché du travail, un taux plus de deux fois inférieur à la moyenne Suisse.
«Les employeurs ont décidé de ne pas attendre des mois que le permis ne soit attribué, s’il le sera ou non, et il y a aussi beaucoup d’autres problèmes comme le fait que la majorité des ukrainiens ne parlent pas le français, ni l’anglais. Et ils ne peuvent pas tous aller prendre des cours comme celles et ceux qui sont venus avec leurs enfants depuis l’aggression de la Russie car ils ne peuvent pas trouver de place en crèche, c’est très difficile» précise Nadiia Olarean, présidente de l'association Ukraine Reborn.
Des parcours et des profils différents parmi les réfugiés.
D’autres réfugiées ont eu plus de chance. Anna est arrivée dès le début du conflit. A l’aise avec le français, elle a d’abord été bénévole à l’hospice pour aider ses compatriotes, puis a fini par y être engagée. Elle vit à Prangins, travaille à Genève. Une vie de pendulaire presque normale.
«J'ai déjà loué mon propre appartement, ça c'était assez difficile, parce que tout le monde ne veut pas signer un contrat avec un permis S qui arrive à échéance en avril 2024. Je me suis battue, j'ai cherché partout, dans toutes les régies et j'ai trouvé une garante grâce à des amis, et finalement, une dame à Prangins m'a acceptée».
Le permis S est une protection limitée dans le temps, sans perspective d’intégration définitive.
L’idée d’un retour rapide en Ukraine n’est pas à l’ordre du jour. Une étude du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés indique que 30% des Ukrainiens espèrent retourner au pays, 40% sont indécis et 27% n’ont aucun espoir de retour et se projettent potentiellement dans une intégration définitive.
Beaucoup souhaitent pouvoir rester et vivre en Suisse, pour cela, il faudra plus de garanties administratives, une meilleure reconnaissance des diplômes et moins de frilosité de la part des employeurs.