Genève

Le scandale du chlordécone retentit jusqu'à Genève

25.10.2024 18h20 Lucie Hainaut

Palais Wilson Palais Wilson

C’est un scandale français, mais il se joue en partie à Genève: le dossier du chlordécone. La France est examinée par le Comité des droits de l’Homme de l’ONU. Des ONG ont fait part de leurs préoccupations aux experts du Comité, dont une militante guadeloupéenne.

Sabrina se bat depuis 2020 avec son association Kimbé Rèd. Elle lutte pour les droits des habitants des territoires d’outre-mer, et notamment sur la question du chlordécone, un pesticide très toxique utilisé dans les bananeraies antillaises jusque dans les années 90. Il est entre-autres impliqué dans la survenue des cancers de la prostate. Et aujourd’hui, ce perturbateur endocrinien est partout dans les Antilles françaises: «On retrouve malheureusement du chlordécone dans l’eau, dans les sols, dans l’alimentation et dans le sang de plus de 90% de la population en Guadeloupe et en Martinique» déplore Sabrina Cajoly, juriste spécialisée en droit international et présidente de l'association Kimbé Rèd.

Traçabilité et indemnisation

Le Comité des droits de l’Homme est composé d’experts indépendants, il examine les pays sur des questions liées aux droits civils et politiques. Des ONG et de représentants de la société civile peuvent suggérer des questions aux membres du comité, c’est ce qu’a fait Sabrina: «Ce qui est demandé ce sont des mesures d’urgence, en particulier en termes de traçabilité du chlordécone dans l’alimentation, pour mieux prévenir l’impact sur la santé des personnes. Et des mesures de réparation et d’indemnisation pour les personnes impactées» énumère l’activiste.

Déception pour le chlordécone...

À l’issue de la session c’est la déception, les experts n’ont pas abordé ces points. Sabrina ne baisse pas pour autant les bras: elle remet une lettre à Isabelle Rome, à la tête de la délégation française.  Si les experts du Comité des droits de l’Homme n’ont pas interpellé la France cette session-ci, ses préoccupations ont déjà été entendues par d’autres instances onusiennes: «Trois autres comités de l’ONU sur les droits humains – le comité des droits de l’enfants, le comité des droits des femmes et le comité des droits économiques, sociaux et culturels l’année dernière ont exhorté la France à prendre des mesures en la matière» se console Sabrina Cajoly.

...et victoire pour la Nouvelle-Calédonie

Il n’y a pas que des déçus: Viro Xulue représente les Kanaks de Nouvelle-Calédonie, il ressort de la session avec le sourire. «L’ensemble de nos recommandations ont été prises en compte par le Comité et ont pu être soumises à la France. Nous avons obtenu de bons retours» se réjouit le secrétaire général adjoint du Sénat coutumier de la Nouvelle-Calédonie.

Le Comité des droits de l’homme de l’ONU publiera son rapport le 7 novembre. Le document contiendra des recommandations, mais il n’est pas contraignant.