Genève

Le sort des employés des ONG occupe le Grand Conseil

13.02.2025 18h20 Laure Lugon / Delphine Palma

Menaces sur les ONG

Le sort des employés des ONG occupe le Grand Conseil

Faut-il aider les employés des ONG de la Genève internationale menacées par le retrait financier des Etats-Unis? Sans aucun doute, répond le Conseil d’Etat, qui propose un soutien financier à fonds perdus de 10 millions de francs pour le personnel des ONG sur le carreau. Le Grand Conseil va se prononcer sur l’urgence ce soir. Les débats s’annoncent houleux. 

Karin Keller-Sutter a dit non. Pas question pour la présidente de la Confédération que la Suisse vole au secours de la Genève internationale. Le Conseil d’Etat genevois voit les choses tout autrement. Il lance dans l’urgence un projet de loi doté de 10 millions de francs afin de permettre au personnel des ONG du canton de percevoir leur salaire.

Depuis que les Etats-Unis ont coupé leurs subventions, plusieurs dizaines de personnes ont été licenciées, qui n’ont pas droit au chômage partiel. Le projet de loi viendrait aider temporairement les collaborateurs des ONG touchées par un manque de liquidités.

Défendu par les conseillères d’État Delphine Bachmann, ministre de l’Économie, et Nathalie Fontanet, aux Finances, le dossier est entre les mains du Grand Conseil qui votera ce soir sur l’urgence.

Thomas Wenger, député et président du PS genevois: «C’est vraiment le rôle des contribuables genevois et notre rôle politique. A Genève, nous avons le siège européen des Nations Unies, de nombreux sièges d’organisations internationales et d’ONG. Il s’agit de milliards de retombées économiques, de dizaines de milliers d’emplois. C’est donc vital de soutenir au niveau cantonal et nous en appelons aussi à la Confédération.»

«Il y a une dimension symbolique et émotionnelle»

Si la gauche est enthousiaste, la droite est divisée. Mais elle devrait avoir le soutien du PLR, attaché à la Genève internationale, symbole du multilatéralisme: «Evidemment, il y a une dimension symbolique et émotionnelle, admet Murat Alder, chef de groupe PLR au Grand Conseil. C’est très important de dire à ces employés que nous pensons à eux, que nous ne sommes pas insensibles à leur sort. C’est aussi une manière de montrer au grand public que Genève accorde une importance capitale à cette vocation internationale.»

A l’UDC en revanche, le signal et la symbolique ne sont pas de nature à convaincre. «Utiliser de l’argent public pour pallier les décisions de Monsieur Trump, en un mot c’est indécent. L’argent public doit servir aux bien-être de la Genève cantonale et communale. A nos aînés, à nos travailleurs, à nos jeunes, à nos sportifs. L'argent public doit servir à cela, pas aux organisations internationales», clame Lionel Dugerdil, président de l'UDC genevoise.

«On voit mal comment attribuer cet argent»

Comme souvent, il va revenir au MCG et à Libertés et Justice sociale de jouer les arbitres. A LJS, le député Laurent Seydoux préconise de le renvoyer en commission pour l’étudier: «Ce projet de loi a été déposé dans l’urgence et est inapplicable en l’état. Beaucoup d’éléments de ce projet vont rendre l’attribution difficile. Qui sera concerné, par exemple? On voit mal comment attribuer cet argent.» Quant au MCG, il se montre indécis. Son président, François Baertschi, laisse tout ouvert, s’étonnant de ce changement de programme à la va-vite.

Sur les 457 ONG que compte que le canton, 250 emploient du personnel à Genève. Au-delà du destin de ce projet de loi, ponctuel, d’autres mesures sont à l’étude, afin de transformer les organisations internationales qui ont basculé dans une nouvelle réalité.