Genève

Lendemain de fête difficile pour la bière artisanale

06.03.2025 10h34 Delphine Palma

bieres

Les blondes n’ont plus la cote. Les bières artisanales souffrent de la conjoncture économique depuis des mois au point que plusieurs brasseries romandes ont dû mettre la clef sous la porte. A Genève, les brasseurs tiennent mieux le choc, mais la tendance est plutôt morose pour la petite mousse.

Il y a comme un air de fin de soirée trop arrosée chez les brasseurs… «On est un peu moins à la fête», souffle Fabien Claret dans sa brasserie du Père Jakob.

La mousse retombe 

Chez l’un des tous premiers brasseurs artisanaux genevois, ouvert en 2009, la production de bière reste l’une des plus importantes du canton, mais elle a baissé de 13 % depuis le Covid. Les charges d’électricité ont fait grimper les coûts, et le marché est moins demandeur. Comme si l’euphorie des débuts était passée. «La bière se vendait presque toute seule. Les gens aimaient nos produits et venaient nous voir. C’étaient des années géniales», se souvient Fabien Claret, cofondateur de la Brasserie du Père Jakob. «Aujourd’hui, nous devons nous présenter. Nous cherchons des établissements pour avoir des débits plus réguliers sur l’année.»

La blonde genevoise tient le choc

Grâce aux bouteilles consignées et au malt local produit directement sur place, la brasserie de Soral a pu maîtriser les dépenses. Aujourd’hui, elle fonctionne totalement à l’énergie solaire. «On a mis plusieurs choses en place, nous sommes contents de notre travail. Mais il faut faire attention», résume le brasseur.

Le président des Brasseries indépendantes genevoises (ABIG) confirme que les grandes années sont révolues. Avec le Covid, puis la guerre en Ukraine, les coûts de production ont pris 20 % en moyenne. Et l’année 2024 a été mauvaise. «La météo maussade n’a pas donné soif aux Genevois.»
Malgré tout, avec «seulement» 5 à 10 % de pertes environ, les brasseurs artisanaux du canton s’en sortent pas trop mal…«On l’explique par une bonne qualité des bières genevoises», sourit Laurent Serex de l’ABIG. «Le public connaît bien les brasseurs et nous avons un bon bassin de population à Genève.»

Solutions innovantes

Xavier Righetti, lui, accuse une perte limitée de 5 %, après avoir connu une croissance à deux, voire trois chiffres. Avec deux associés, il a ouvert son propre bar à la Jonction, ce qui lui permet d’écouler ses fûts. Et il tente de rationaliser au maximum ses coûts. «Cette bière-là est faite avec des feuilles de figuier, cueillies dans le jardin de mes parents à Chêne-Bougeries. On utlise les feuilles récoltées par nous-même. Les fruits coutent cher et il y a beaucoup de perte. Là, on a des bières plus orginales et qui nous coutent un peu moins cher.»

En Suisse, le nombre de brasseries artisanales avait plus que doublé entre 2014 et 2020. Ce chiffre est désormais reparti à la baisse. En quatre ans, 86 brasseurs dans tous le pays ont cessé de remplir les chopes. L’air est décidément moins à la fête.