Genève

Les Archives d'Etat de Genève dévoilent de nouveaux secrets

22.05.2024 16h07 Léa Audidier

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S’enivrer ou forniquer: en 1541, ces actions étaient proscrites à Genève. Jean Calvin avait proclamé des règles claires en matière de moeurs, sans quoi les coupables encouraient une humiliation publique. Les Archives d’Etat dévoilent aujourd’hui les procès-verbaux rédigés par le réformateur. Un nombre incalculable de pages qui ont toutes pu être conservées.

Voici une retranscription des procès-verbaux datant d’il y a presque de 5 siècles. Le canton de Genève dévoile des archives inédites de la surveillance exercé par les tribunaux de l’époque sur les habitants. La première séance date du 16 février 1542. Elle a été consignée dans cet ouvrage. Une ressource précieuse pour les archivistes comme l’explique Anouk Dunant Gonzenbach: «C’est le premier volume d’une longue série qui est entièrement conservée aux Archives d’Etat. C’est un dépôt de l’Eglise. Comme il n’y aucun trou dans cette série car il n’y a jamais eu d’incendie ou d’inondation, rien n’a jamais été détruit. C’est un véritable trésor que les Archives d’Etat conserve ici.» En lisant le manuscrit, elle ajoute: «Là on est le jeudi 23 février 1542. Ensuite, ils notent quelles sont les membres du Consistoire qui ont participé à la séance. Le premier membre nommé est Jean Calvin.»

Un tribunal ecclésiastique

Créé en 1541 à l’initiative de Jean Calvin, le Consistoire de Genève était un tribunal ecclésiastique chargé de surveiller les Genevois. Ces derniers devaient se conformer à la religion et à la morale réformée. Les juges étaient des pasteurs et des magistrats. Plonger dans ces archives permet de comprendre l’interaction entre l’Eglise, l’Etat et la population à l’époque. Jeffrey Watt explique: «Il ne fallait pas s’enivrer, il était contre la fornication. Et puis, très souvent, des gens étaient seulement convoqués pour des querelles.»

Isabella Watt ajoute: «C’est une fenêtre dans le monde de la vie quotidienne des gens d’il y a 500 ans. C’est comme lire un magazine de scandale de la Genève du 16ème siècle.»

Des sentances étaient encourues

Quant aux sentences: «On devait avouer cette faute au pied de la chair, qui est le pasteur qui prêche. Nous on est en bas, et on dit devant toute l’assemblée qui est réunie dans l’église: ‘oui j’ai engrossé ma servante et je demande pardon pour ce pêché’. C’est des peines extrêmement humiliantes. On est dans une société de l’honneur donc ça fait énormément pression sur les contemporains.»

Ces archives ont pu être numérisées. Le projet de transcription a commencé en 1987. Il est le fruit d’un partenariat entre les archives d’Etat de Genève, de l’Université de Lausanne et celle du Mississippi. L’événement a été présenté le 21 mai. Un clin d’oeil fait à la date de l’adoption de la Réforme à Genève: le 21 mai 1536.