Genève

Les États-Unis prêts à claquer la porte de l’ONU: Genève en danger

25.02.2025 17h50 Denis PALMA

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Un double projet de loi républicain envisage une sortie totale et définitive des États-Unis du système onusien. À Genève, où siège une grande partie des institutions des Nations unies, les réactions sont vives. Tandis que certains parlent d’un coup fatal porté au multilatéralisme, d’autres redoutent un désastre économique pour le canton.

La proposition émane du sénateur républicain ultra-conservateur Mike Lee. Elle est radicale: retirer les États-Unis de toutes les agences onusiennes.

Observateur assidu de la politique américaine, l’avocat et député Charles Poncet estime que si ce projet est adopté, il marquera la fin du multilatéralisme tel qu’il est né après la Seconde Guerre mondiale. «Il y a eu une première tentative avec la Société des Nations à Genève, puis les Nations unies à New York. Aujourd’hui, on assiste à la fin de ce système. On revient à l’ordre des traités de Westphalie, c’est-à-dire aux États-nations tels qu’ils ont été institués en 1648. C’est une très mauvaise nouvelle pour Genève, qui a bâti sa prospérité sur les conventions de Genève et le multilatéralisme», explique-t-il.

«Ce serait un désastre économique pour Genève»

Les États-Unis financent environ 25 % des budgets des agences onusiennes. Pour Charles Adams, ancien ambassadeur américain en Finlande et aujourd’hui avocat à Genève, le projet de loi du sénateur Lee a 50 % de chances d’être adopté. «L’écosystème des Nations unies représente environ 6 milliards de francs suisses annuels pour le canton de Genève. Il est évident qu’en cas de retrait américain, cet écosystème ne disparaîtra pas totalement, mais il sera gravement affaibli. Ces 6 milliards pourraient se réduire de moitié, voire tomber au quart. Ce serait un désastre économique pour Genève», avertit-il.

Le rôle de Genève en tant que centre névralgique des relations internationales est donc en péril. L’avenir de l’ONU pourrait se jouer dans les semaines à venir, dépendant de la volonté – voire du courage – d’une poignée de républicains au Sénat et à la Chambre des représentants américains.