Genève

Les SIG ont recruté les beaux-fils du directeur général

22.04.2024 18h46 Denis PALMA

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Des membres de la famille de Christian Brunier ont rejoint les SIG en 2017 et 2020. L’un d’eux travaille auprès de la direction générale depuis deux ans, a appris Léman Bleu. 

Encore des nominations en famille à Genève. Après la promotion du père de la ministre Delphine Bachmann à un haut-poste de l’État, les recrutements entre proches au département de Frédérique Perler en ville, Léman Bleu apprend que les services industriels de Genève (SIG) ont engagé les fils de l’épouse du directeur général Christian Brunier. 

Le premier, arrivé en 2017, travaille auprès de la direction générale depuis 2021. Il avait déjà exercé une courte mission en 2013. Le deuxième beau-fils a rejoint la régie publique en 2020 dans un autre service. Christian Brunier est directeur général de l’entreprise publique depuis 2014 et membre de sa direction générale depuis 2009. Le lien de famille existait déjà au moment du recrutement des beaux-fils. 

Pas d'influence, selon SIG

Comment se positionnent les SIG ? Le directeur des relations humaines de la régie publique nous a répondu par mail: «Le processus officiel a été rigoureusement appliqué et le lien de parenté a toujours été connu et clairement annoncé. Dans tous les cas, Christian Brunier n’est jamais intervenu, ni n’a jamais exercé la moindre influence. Les décisions d’engagement ont toujours été prises par les managers directs en concertation avec le service RH.»

Dans les deux cas, les engagements se justifiaient par les compétences avérées des candidats, indique le directeur des relations humaines de la régie publique. «Il peut d’ailleurs arriver de trouver des membres d’une même famille au sein de SIG, qui a un ancrage très local et compte près de 1700 employés. Par contre, nous veillons toujours à l’absence de lien hiérarchique entre les différents membres d’une même famille.»

«Il n’y a pas de lien hiérarchique direct entre Christian Brunier et ses deux beaux-fils»

Mais dans le cas du deuxième beau-fils, rattaché à la direction générale, y’a-t-il un conflit d’intérêts? «Il n’y a pas de lien hiérarchique direct entre Christian Brunier et ses deux beaux-fils. Dans les deux cas, ils dépendent de leurs supérieurs directs.» 

«Ces pratiques sont à prohiber»

Invité sur le plateau du journal, Alain Salamin, consultant RH avec 30 ans d’expérience, estime que ce cas est «de toute évidence problématique». 

Selon lui, c’est d’abord un problème de réputation, surtout s’il vient du sommet de l’entreprise: «Cela donne une image négative à toute l’organisation et l’impression que c’est open bar. C’est un très mauvais message». Alain Salamin estime que «le problème se pose dès qu’il existe un lien hiérarchique, pas seulement un lien hiérarchique direct.»

L’expert considère que le problème est accentué s’il s’agit d’un service public: «Dans une situation monopolistique, il y a nécessité de construire une confiance et de prohiber ce genre de pratiques.»

«L’argument de la compétence, c’est de l’enfumage!»

Interpellé sur l’argument des compétences, Alain Salamin est catégorique: «C’est extraordinaire! Premièrement, personne ne dira que le candidat engagé est incompétent. Deuxièmement, après un tel processus de sélection, après avoir épluché le marché, fait les tests, la seule personne compétente est par hasard le beau-fils du directeur général de l’entreprise, c’est de l’enfumage, ce n’est pas sérieux.»

L'interview d'Alain Salamin