Genève

Les Turcs de Suisse ont fini de voter

08.05.2023 18h49 Lucie Hainaut / ATS

Turquie Erdogan Turquie Erdogan

Les 100’000 Turcs de Suisse avaient jusqu’à hier 21h pour choisir leur futur président. Les candidats principaux comptent tous deux des soutiens parmi les 13'000 Turcs vivant à Genève.

«J’ai voté la semaine dernière. J’ai choisi le président sortant Recep Tayyip Erdogan» pose d’emblée Ender Demirtas, un entrepreneur binational suisse et turc. Il est arrivé en Suisse à l’âge de trois ans. Autre son de cloche pour David Sosun: «Je vote Kılıçdaroğlu. C’est quelqu’un qui est très moderne, il respecte beaucoup la jeunesse et il soutient le changement» martèle le retraité, lui aussi biantional suisse et turc. Il est arrivé en Suisse comme réfugié politique, après avoir passé 12 ans dans une prison en Turquie.

À chaque camp ses convaincus

Chaque camp est convaincu par son vote: «Ce qui m’a convaincu de sa candidature, c’est sa vision, ses compétences et surtout, ses réalisations. En face, il n’y a pas d’opposition du tout. On a affaire à une caste qui essaie de se partager des sièges» affirme le soutien au président sortant. David Sosun est issu de la minorité kurde. Selon lui, le président sortant ne protège pas sa communauté: «Toute sa politique, c’est pour écraser les Kurdes. Erdogan a dit "j’aime beaucoup le peuple kurde" mais c’est faux. Au Kurdistan, il n’y a rien du tout» proclame le retraité.

S'il a accepté de parler de son vote, beaucoup de Turcs ont préféré ne pas s'exprimer publiquement, notamment les personnes qui retournent régulièrement dans le pays. Parmi l'opposition à Erdogan, on ne retrouve pas uniquement des Kurdes: de nombreux Turcs espèrent voir un changement à la tête du pays.

Erdogan favori en Suisse en 2018

Lors de l'élection présidentielle de 2018, M. Erdogan était arrivé en tête en Suisse, avec 37,2% des voix, contre 31,9% pour le candidat du parti social-démocrate CHP, Muharrem Ince et 27,5% pour celui du parti démocratique du peuple (HDP, prokurde), Selahattin Demirtas. Le score du chef de l'Etat avait alors été jugé "mauvais" par le président de la Fédération des Associations Turques de Suisse Romande (FATSR), Celâl Bayar. Aux législatives en revanche, le parti islamo-conservateur AKP de M. Erdogan avait obtenu 31,3% des voix des Turcs de Suisse. Il avait été devancé par le HDP, arrivée en tête avec 40,8%. Le CHP, parti fondé par le père de la Turquie moderne Mustafa Kemal Atatürk, avait pour sa part obtenu 17,29%.

Un an plus tôt, les Turcs de Suisse avaient rejeté par près de 62% des voix le projet de constitution proposé par M. Erdogan. Le texte avait finalement remporté une victoire étriquée.

Le scrutin a lieu le 14 mai. Le candidat vainqueur sera élu pour un mandat de cinq ans à la tête du pays.