Les Verts peu enclins à voir l'élue arrêtée poursuivre son mandat
Voilà une semaine qu’une élue verte se trouve en détention provisoire à Champ-Dollon. La police la soupçonne d’être impliquée dans un vaste trafic de drogue. Active au sein du conseil municipal du Grand Saconnex, réélue dimanche lors des élections, elle crie à l’injustice et espère retrouver son poste une fois que la lumière sera faite. Mais ses collègues de parti semblent moins de cet avis.
Mercredi dernier, une élue verte de la commune du Grand Saconnex a été arrêtée avec sa famille dans le cadre d’une enquête sur un important trafic de drogue. D’après les informations de la RTS et la Tribune de Genève, un réseau entier a été démantelé, du Grand-Saconnex aux Pâquis, avec de grosses quantités de drogues et des sommes d’argent importantes.
La police dépeint une organisation bien rodée, au système pyramidal, avec le fils de cette élue comme responsable présumé du réseau. Neuf personnes ont été interpellées. À ce jour, seule une a été relâchée, les huit autres sont toujours en détention provisoire. Depuis la prison de Champ-Dollon, l’élue, qui est accusée d’avoir un rôle de collectrice d’argent, clame son innocence et fait part via son avocat de son sentiment d’injustice.
«En début d'instruction, des soupçons même peu précis suffisent au Tribunal des mesures de contraintes pour mettre en détention provisoire. (...) C'est pour cette raison qu'un recours sera déposé, demandant la libération immédiate de ma mandante» expose Me Stéphane Grossin. Sortir et vite, tel est le souhait de sa cliente, mais surtout reprendre ses fonctions au municipal du Grand-Saconnex. «Malgré le battage médiatique, ma mandante résiste aux chants des sirènes et à juste titre selon moi!» précise l'avocat.
Confiance ébranlée au sein du parti
Du côté de la commune, la stupéfaction est encore forte quelques jours après les faits. «C'est quelqu'un que j'ai cotoyé, en qui j'ai eu confiance et en qui j'ai encore confiance, même si elle est sacrément écornée. Mais si la police fait son travail, c'est qu'elle avait des raisons pour intervenir. Je suis choqué et déçu» nous dit Laurent Jimaja, maire de la commune et membre des Vert-e-s lui aussi. Avérés ou non, il estime que les faits ternissent la réputation de leur parti... Trop pour que la conseillère municipale puisse poursuivre son mandat.
Lundi soir, le conseil municipal s’est réuni. La question de l’argent collecté a été abordée, peut-on être sûr que les comptes du parti n’ont pas bénéficié de ce trafic? Le président de la section Grand-Saconnex des Verts genevois se veut rassurant: «Aucun don n'a été reçu aux Verts du Grand-Saconnex, j'ai totalement ça sous contrôle. Concernant un don vers les Verts Genevois, qui aurait pu être possible sans passer par notre section, là aussi je peux garantir qu'il n'y a rien» affirme-t-il. Concernant un retour en politique en revanche, Pierre Eckert est sceptique, même avec une issue favorable en justice. «Même si elle n'a pas participé pour beaucoup dans cette affaire, ses proches semblent impliqués, on a apparemment retrouvé des drogues dans son appartement... je ne vois pas comment la confiance peut être rétablie après cela», admet-il.
Pour rappel, aucune procédure de destitution n’est possible pour les élus municipaux; seuls les conseillers administratifs peuvent être concernés. En revanche si l’exclusion du parti est prononcée, elle n’aura d’autre choix que de démissionner avant de potentiellement poursuivre sous d’autres couleurs. Mais tout cela est de la musique d’avenir. À ce stade, l’élue du Grand-Saconnex reste présumée innocente.