Genève

Les avocats de la plaignante sans concessions envers Tariq Ramadan

17.05.2023 14h21 Rédaction / ATS

Les avocats de la plaignante sans concessions envers Tariq Ramadan

"Nous sommes ici au-delà du viol", a déclaré lors de sa plaidoirie l'avocat de "Brigitte" François Zimeray (archives).

Photo: KEYSTONE/Pierre Albouy

Appelés à s'exprimer mercredi devant le Tribunal correctionnel de Genève, les avocats de la femme qui dit avoir été violée par Tariq Ramadan ont dressé un portrait inquiétant du prévenu. «Nous sommes ici face à un violeur manipulateur», a déclaré François Zimeray.

«Il y a des violeurs dont la satisfaction des instincts passe par la souffrance des victimes, et c'est le cas de Tariq Ramadan», a poursuivi l'avocat français. Et d'avouer qu'à l'évocation du dossier de l'islamologue, qui aurait maltraité des femmes dans plusieurs pays, les termes «torture et barbarie» lui viennent à l'esprit.

M. Zimeray a aussi été frappé par «la peur et la tension» qui ont imprégné cette affaire. La plaignante, une femme de 57 ans que les médias ont surnommé "Brigitte", a été la cible de quantité de menaces et d'intimidations.«La milice du net» était en embuscade, entre «les tic-tac tic-tac» et les messages prédisant un accident.

Quant au traquenard qui aurait été tendu par des femmes pour salir l'islamologue, en déclarant qu'il les avait agressées, M. Zimeray a indiqué ne pas y croire un seul instant. Pour qui auraient-elles voulu faire tomber Tariq Ramadan, s'est interrogé l'avocat. Il s'agit simplement «de témoignages convergents».

Double jeu

Lors de sa plaidoirie, Catalina de la Soto a souligné l'habilité de Tariq Ramadan à inverser les rôles entre victime et accusé. L'avocate a aussi relevé la duplicité du prévenu qui s'écarte des principes qu'il prêche lorsque ça l'arrange, par exemple quand il s'agit d'avoir des rapports sexuels en période de règles.

Cette personnalité double a aussi marqué l'avocat Robert Assaël. En public, Tariq Ramadan use d'un vocabulaire châtié, dans l'intimité d'une chambre d'hôtel, il peut couvrir une femme d'un torrent d'insultes et d'injures, comme «s'il était possédé» et perdait le contrôle de lui-même.

L'avocat s'est aussi dit persuadé que "Brigitte" n'a pas pu inventer un «pareil récit», en faisant référence à la nuit d'horreur qu'elle affirme avoir passé avec le prévenu en octobre 2008, dans une chambre d'hôtel à Genève. La plaignante «n'en rajoute pas» et pour M. Assaël, il s'agit d'un signe de crédibilité.

Le procès se poursuit mercredi après-midi avec les plaidoiries de la défense de Tariq Ramadan.