Genève

Les élus de la Ville prêts à s’accorder une augmentation substantielle

20.05.2025 18h16 Laure Lugon Zugravu

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Des jetons de présence revalorisés de 25% en Ville de Genève. C’est la hausse que pourraient s’octroyer les conseillers municipaux s’ils acceptent un projet de délibération. Ce faisant, ils coûteront plus qu’un député au Grand Conseil.

Comment gagner plus quand on est conseiller municipal? En votant une augmentation de ses jetons de présence. C’est ce que s’apprête à faire le délibératif de la Ville de Genève. Il devrait accepter ce soir ou demain un projet de délibération qui prévoit une hausse des rémunérations de 25%. Le tarif pour une séance plénière passera de 143 francs à 178,75 francs. C’est plus que ce que touche un député du Grand Conseil pour deux heures, soit 160 francs. Un conseiller municipal coûtera ainsi un peu plus qu’un député.

La rémunération des conseillers municipaux n’a pas évolué depuis plus d’une décennie. Un argument en or pour les élus de gauche comme de droite, favorables à ce coup de pouce. «Les Verts vont accepter cette proposition pour deux raisons, explique Valentin Dujoux, chef de groupe des écologistes. La première, c'est en lien avec l'augmentation du coût de la vie. On fait toutes et tous face à l'inflation. C'est un des premiers arguments, sachant que les jetons de présence n'ont pas augmenté depuis plusieurs législatures. Le deuxième argument, c'est la question du profil des élus. Pour nous, c'est important d'avoir une diversité dans les personnes qui occupent ces postes au Conseil municipal et ça permet de ne pas les limiter à des professions qui n'auraient pas besoin de jetons de présence pour siéger.»

«Il s'agit de récompenser le travail effectué par les élus, qui n'a pas été revalorisé depuis trois législatures»

Le PLR aussi va accepter ce supplément, alors qu’il prône la rigueur budgétaire en toute circonstance: «On n'est pas là face à deux poids, deux mesures. Évidemment, le PLR prône comme toujours une rigueur budgétaire et se bat contre des budgets militants. Ici, il s'agit de récompenser le travail effectué par les élus, travail qui n'a pas été revalorisé depuis trois législatures. Donc on estime que cette proposition est raisonnable et qu'elle récompense aussi les élus qui travaillent.» Il conclut en manière d’autodérision: «C'est à l'image du conseil municipal, le parlement le plus petit et le plus important du monde.» Le parti bourgeois déposera toutefois un amendement pour refuser l’indexation aux membres du bureau et à la présidence du Conseil municipal. Ces indemnités se montent annuellement à 4125 francs et 8937 francs.

En 2013, le Conseil d’État avait fiscalisé les jetons de présence des élus. Pour compenser cette perte, le montant accordé aux députés du Grand Conseil avait été revu à la hausse. Une gratification que la Ville veut, elle aussi, s’octroyer. Mais comme elle l’applique sur les montants bruts, contrairement au parlement cantonal qui l’octroie en net, après les déductions sociales et les rétrocessions aux partis politiques, ceux-ci en profiteront doublement. Ils toucheront 25% de la part rétrocédée par les élus, qui varie selon les formations, en plus du financement direct qui passe de 40000 à 50000 francs.

«Une période de sobriété qu'on doit appliquer à nous-même»

Seuls le Centre et les Vert’libéraux ne veulent pas risquer de décevoir un électorat déjà peu mobilisé: «Nous pensons qu'on est dans une période de sobriété qu'on doit appliquer à nous-même, estime Yves Herren, chef de groupe LCVL 2025-2026. On va être dans un processus de déficit pendant 8 ans au moins. C'est un peu fort de café, me semble-t-il, de «s'auto-voter» une augmentation de jetons de présence qui font que finalement on atteint des chiffres de députés au Grand Conseil. Est-ce que c'est le bon moment? Est-ce que la population va comprendre ça?»

S’il est accepté, ce vote va alourdir les finances publiques de la Ville de 520000 francs. L’an dernier, les jetons de présence et la participation de la Ville au financement des partis s’élevait à 2,1 millions de francs.

Si ce projet est accepté, il devra encore être confirmé par un vote de l’assemblée nouvellement élue qui prendra ses fonctions en juin. En 2020, le nouveau Conseil municipal avait refusé une augmentation, estimant qu’elle était indéfendable dans le contexte du Covid.