Genève

Les entreprises romandes à la traîne en durabilité

06.05.2024 19h00 Rédaction

Philippe fleury

Où en sont les entreprises romandes dans leur rapport à la durabilité? La Fédération des Entreprises Romandes (FER) a sondé près de 400 PME et les résultats ne sont pas excellents. Le détail avec Philippe Fleury.

Le constat du sondage mené par la FER est limpide. 70% des entreprises questionnées n’ont pas de budget durabilité, et la moitié d’entre elles, en majorité des PME, n’ont pas mis en place de démarche d’efficacité énergétique. Une volonté d’agir se fait sentir, mais les actions semblent se cantonner à la question des déchets.

Les principaux freins avancés dans le sondage sont le manque de temps et le manque d’argent. Philippe Fleury, directeur général de la FER Genève n’est pas surpris par les résultats: «La vraie question pour les entrepreneurs c’est "Qu’est-ce que je dois faire et quand dois-je le faire?"».

À l’heure où les clients poussent toujours plus les PME à agir durablement, le patron de la fédération économique rappelle: «Les entreprises sont perdues, c’est important de poser ce diagnostic.»

Un long chemin

Actuellement, les principaux risques en lien avec la durabilité identifiés par les entreprises sondées sont la réputation et les questions légales. Le véritable impact sur le climat ne préoccupe que 30% d’entre elles à Genève. Philippe Fleury souligne la distinction entre les grosses entreprises qui ont emprunté le chemin de la durabilité il y a bien longtemps et les plus petites PME: «Le vaste tissu économique en Suisse romande est constitué de PME de moins de 50 collaborateurs. Celles-ci disent à 80% vouloir faire quelque chose. Le même nombre dit également ne pas avoir commencé», indique le patron de la FER en précisant vouloir les aider sur la voie de la durabilité.

Ce mardi se tient l’assemblée générale de la FER. Philippe Fleury précise qu’il ne passera pas de savon aux entreprises sur ces résultats de durabilité «pas excellents». Au contraire, il leur dira que la FER est à leur côté pour les accompagner au mieux à cette démarche.

Le directeur général de la FER Genève n'oublie pas le passé récent du monde de l'économie: «Il faut voir la réalité de ces entreprises. Elles ont traversé une crise Covid de deux années où la principale préoccupation était de survivre et de sortir les salaires».

Modules d'actions concrets

La FER prévoit le déploiement d'une aide concrète pour les entreprises romandes. Conseil en prévoyance et en durabilité avec des modules d’action sont notamment au programme. Quatre axes sont privilégiés.

D'abord, sensibilisation et formation, tant pour les employés que les dirigeants, sont prévues. Ensuite, un état des lieux permettant un suivi plus adapté à la réalité de chaque entreprise est envisagé. Bilan de gaz à effet de serre, gestion des déchets et plan mobilité font également partie des mesures concrètes imaginées par la FER. Enfin, une emphase est portée sur l'échange et la communication inter-entreprises pour le partage des solutions trouvées.

Le chemin reste long et encombré, mais Philippe Fleury perçoit un bon départ. Il rappelle que les entreprises ont, généralement, un budget ne dépassant pas 10'000.- par année pour les questions de durabilité. Le directeur général souligne qu’il ne faut donc pas s’attendre à des révolutions, mais qu’il est possible «de commencer à faire des premiers pas utiles».

Si Genève reste statistiquement plus sensible à ces questions climatiques en comparaison à ses homologues romand, Philippe Fleury ne constate pas de gouffre entre Genève et le reste de la Romandie. «C’est plutôt un gouffre entre petites entreprises PME et grandes entreprises», analyse-t-il.