Genève

Les épiceries en vrac tirent la langue

02.05.2023 18h41 Lucie Hainaut

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La boutique en vrac Tinana – anciennement Chez Mamie – a fermé ses portes à la fin du mois de mars, après seulement 4 ans d’activité. Entre suites du covid et baisse de fréquentation des clients, plusieurs échoppes de produits bio et sans emballage sont en perte de vitesse actuellement.

Les silos et les bacs sont vides pour de bon. L’épicerie Tinana propose des produits sans emballage depuis avril 2019 à la rue des Rois, à Plainpalais. Après avoir essuyé des difficultés financières, la gérante a décidé de fermer boutique: «Ça fait trois ans qu’on se bat et à un moment donné, c’est plus possible. Il n’y a plus les finances, il n’y a plus le passage nécessaire pour payer toutes les charges… Et quand il y a plus eu la restriction des mesures covid, j’ai eu un an et demi de travaux devant la boutique» déplore Yohanna Belen. Elle explique aussi ses difficultés par l’augmentation de la concurrence dans la vente de produits bio et de proximité.

Une baisse entre 15 et 30% chaque année

D’autres épiceries locales traversent une période compliquée. Le réseau genevois de l’économie sociale et solidaire le constate parmi ses membres: «Depuis 2021 il y a vraiment une baisse tendancielle tant dans ce qui est dans le domaine de l’épicerie alimentaire que du vrac, et donc si on a les deux en même temps on est particulièrement touché. Ce sont des moyennes mais parmi les membres qu’on a pu solliciter, il y a une baisse entre 15 et 30% chaque année pour 2021 et 2022 par rapport à l‘année d’avant» relève Antonin Caldéron, économiste spécialiste de l’économie circulaire au sein du réseau après-ge.

«Il n’y a vraiment aucune aide»

Au moment de rendre les clefs, Yohanna Belen regrette le manque de soutien des pouvoirs publics: «On fait partie d’une économie circulaire, on permet à des petites structures d’avoir de la visibilité et des points de vente. Mais il n’y a vraiment aucune aide au niveau de l’état et ça pour moi c’est le plus gros regret: je trouve qu’il y a une hypocrisie entre le langage qui est tenue de façon publique et la réalité du terrain» dénonce la gérante.

«Il faut prendre le temps de la réflexion»

Alfonso Gomez dit de son côté songer à des mesures au sein de son département, mais il souligne aussi l’importance de la réflexion pour mettre en place un accompagnement adéquat: «Il faut voir quelles seraient les conséquences de l’ensemble de ces nouvelles conditions cadres qu’on mettrait à disposition. Ce sont quand même souvent des magasins relativement récents, il faut donc prendre le temps de la réflexion, voir quelle est aujourd’hui la structure économique dans laquelle nous vivons et dans cette structure-là, ce que nous pouvons faire».

Reste à savoir aujourd’hui si les boutiques en vrac vont connaître un regain d’intérêt dans les prochaines années, et le modèle d’affaire à privilégier pour ce type de commerces.