Les pompiers genevois prêtent main-forte à la Chaux-de-Fonds
Quatre jours après la terrible tempête qui a frappé la Chaux-de-Fonds, l’heure est à la sécurité dans la commune. Arbres déracinés, ferblanterie et toitures instables sont déblayées. Une entraide extraordinaire a été mise sur pied. Le Service Incendie Secours Genève a mobilisé plus d'une vingtaine de collaborateurs pour prêter main-forte à ses homologues neuchâtelois.
La Chaux-de-fonds plie, mais ne rompt pas. Comme un symbole, la cime du théâtre des Abeilles ne pointait plus vers le ciel depuis plusieurs jours. Le clocher de cet ancien temple mué depuis plusieurs années en théâtre a été gravement endommagé par la tempête de lundi. Sa pointe tordue menaçait à présent de s'écrouler, les soldats du feu genevois l'ont extraite dans une opération délicate.
Depuis lundi, la métropole horlogère vit au rythme de l’après-tempête. Déblayage et sécurisation au menu. Une aide inter-cantonale inédite s’est activée. Le Service Incendie Secours de Genève a répondu présent dès mardi à l’aube.
Mission du jour, sécuriser et récupérer ce morceau de patrimoine chaux-de-fonnier au sommet du théâtre des Abeilles. Pour cela, un camion auto-grue, unique en Suisse, est spécialement affrétée depuis Genève. Il permet de grimper à 50m de hauteur contre 42m pour les moyens classiques dont dispose le corps local des sapeurs de la Chaux-de-Fonds.
«Cela aurait pu être un carnage, on a eu beaucoup de chance» – Jean-Daniel Jeanneret
L'opération n'est pas compliquée, mais nécessite la plus grande des minuties, détaille le capitaine Regis Python, officier du SIS Genève sur les lieux. Après de longues minutes, c’est la libération. Le coq du sommet du clocher est rapatrié sain et sauf à l'intérieur du théâtre.
Spectateur avisé de la scène, Jean-Daniel Jeanneret, président du Conseil communal de la Chaux-de-Fonds, est rendu à ce travail d’équipe: «Les Genevois se sont présentés tout de suite, de même que tous les cantons environnants». Ému, l'élu communal constate: «Quand ce sont les vacances horlogères, la ville tourne au ralenti, heureusement... cela aurait pu être un carnage, on a eu beaucoup de "chance"».
SIS Genève, spécialiste des hauteurs
Avec sa grue inégalée sur sol helvétique, les pompiers genevois apportent une réelle plue-value sur cette vaste opération de déblayage. Le Lieutenant-Colonel Grégory Duc, commandant des opérations pour le SIS des Montagnes neuchâteloises, raconte avoir reçu dès lundi soir – jour de la tempête – la proposition d'aide de son homologue genevois le commandant Schumacher.
«Ils apportent une plue-value de connaissances techniques, des moyens lourds que l'on n'a pas. Ça nous a aidé à avancer et prioriser sur le terrain», salue Grégory Duc.
30 ans après, Genève renvoie l'ascenseur à la Chaux-de-Fonds
L'aide des pompiers du Léman à La-Chaux-de-Fonds n'est pas inédite, Elle représente aussi un clin d’oeil à l’Histoire. En effet, en 1995 lors de la «neige du siècle», Genève était ensevelie sous l'or blanc. Ironie du sort, ce sont bel et bien les déblayeuses chaux-de-fonnières, mystérieusement épargnées par la neige, qui sont venues à la rescousse au bout du lac.
Aujourd'hui, le travail main dans la main est à nouveau d'actualité. Il devrait se montrer de plus en plus fréquent, admet le commandant adjoint du SIS Genève Frédéric Jaques. En raison du dérèglement climatique, l'officier prévoit une hausse des collaborations: «Il est illusoire de penser que l'on peut traiter des événements majeurs au niveau cantonal, même régional», indique-t-il.
Après cinq à six jours d’interventions, les 25 Genevois mobilisés rentreront progressivement ce week-end. À la Chaux-de-Fonds, la tuile n'est de loin pas terminée. De longs mois de sécurisation et de reconstruction sont attendus.