Genève

Les syndicats dénoncent les conditions précaires des ferrailleurs

28.03.2023 18h16 Rafael Pacheco

ferrailleur

Trois syndicats s’unissent autour d’une cinquantaine de ferrailleurs non-payés pour dénoncer la précarité et les abus dans le secteur. Les syndicats demandent aux associations patronales de faire bouger ce marché qu’ils jugent gangréné depuis 20 ans.

 Ce mardi, le SIT, UNIA et SYNA dénonçaient les pratiques frauduleuses dans le secteur du ferraillage. Lisi Construction et Oliveira Ferraillage sont les deux entreprises pointées du doigt, laissant plusieurs dizaines de travailleurs sans salaires. Réticents à prendre la parole, les employés lésés évoquent des failles généralisées: «Jusqu'au mois de février, je n'ai pas eu de problème avec les paiements des salaires, mais des collègues ont vraiment ce problème, c'est généralisé», confie l'un d'entre eux.

Les syndicats déplorent l’inaction des associations patronales et leur demande de bloquer les paiements aux administrateurs des entreprises contestées. La Section de Genève de la Société suisse des entrepreneurs et le Groupement genevois d’entreprises du bâtiment leur répondent: «En attaquant les associations patronales, les syndicats se trompent de cible […] Nous conseillons aux travailleurs d’avertir immédiatement la commission paritaire du gros œuvre afin que les partenaires sociaux, associations patronales et syndicales, avec les autorités cantonales compétentes, puissent prendre ensemble sans délai les mesures qui s’imposent»

Un système «mafieux» bien ancré

Les syndicats demandent au gouvernement d’agir sur cette nébuleuse de sous-traitance abusive: «ces administrateurs ont sept entreprises, la plupart en faillite, [...] il y a un intérêt public à ce que l'on mette fin à ce système quasi mafieux», lance le secrétaire syndical du SIT Thierry Horner.

Contactée, le département en charge de l'économie et de l’emploi garantit ne pas prendre la problématique à la légère: «Fabienne Fischer prend très au sérieux le courrier des syndicats. Elle leur répondra dans les meilleurs délais. Elle tient à rappeler que la défense du salaire minimum et la lutte contre le travail au noir est au cœur de ses préoccupations. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a proposé une modification de la Loi sur l’inspection et les relations du travail (LIRT), modification acceptée à l’unanimité par le Grand Conseil le 3 mars dernier et qui devrait prochainement entrer en vigueur. Cette modification de loi permettra précisément de mieux répondre à ce type d’abus.»