Genève

Licenciements à Tamedia: «La rentabilité appliquée à l’information nous mène là»

27.08.2024 20h38 Rédaction

MZ

La journaliste indépendante Myret Zaki réagit à l'annonce des licenciements massifs au sein du groupe Tamedia. Elle évoque l'avenir du journalisme.

«Quand le seul critère c’est la rentabilité, qu’est-ce que l’on va faire?» Voilà comment Myret Zaki résume la situation vécue aujourd'hui au sein de la presse romande. La journaliste indépendante n'est pas surprise par l'annonce du jour. En 2018, alors rédactrice en chef du magazine économique «Bilan», elle alertait déjà en affirmant que «l'information n'est pas une marchandise».

Lire aussi: Tamedia va supprimer des emplois et fermer des imprimeries

Aujourd'hui, le mantra des bénéfices semble rattraper la réalité. «La direction que prennent les chiffres de la publicité montre qu’il y a un déclin structurel. Les abonnements sont en perte de vitesse et la stratégie de remplacer la pub par les abonnements payants ne compense pas», explique Myret Zaki.

Paradoxal, le géant des médias TX Group, détenteur du groupe Tamedia marche pourtant bien dans sa globalité. Divisé en cinq sections, la partie «média payant» ne profite pas des bons chiffres des petites annonces ou du quotidien gratuit «20 minutes» (6% de marges opérationnelles) détaille la journaliste économique qui souligne: «C'est très dommageable pour une division uniquement de média payant de devoir s’autofinancer».

Que devient la partie Genève?

Ces prochaines années, le déclin est la seule direction possible, prévoit Myret Zaki. Mais alors quel avenir pour le journalisme? La journaliste constate un déclin qui s'accélère. A cela s'ajoute l'évolution des formats. Entreprises, YouTubers ou encore les podcasts raflent une audience conséquente. «C’est une sacrée concurrence», estime Myret Zaki. «Il n'existe pas de modèle de financement viable pour les médias. La rentabilité appliquée à l’information nous mène là où l’on est aujourd’hui», déplore-t-elle.

Ce constat cinglant signe-t-il une mort annoncée de la presse indépendante et critique? Pas forcément selon Myret Zaki: «Soit on considère que les médias sont un bien commun et on trouve un moyen de les financer comme la recherche et l’éducation, soit on appelle cela des marques et des produits et il arrive parfois des disparitions et des faillites».