Manifestations: la colère gronde après un énième blocage de la ville
Manif Ukraine
8 manifestations ont traversé le centre-ville depuis le début de l’année, soit un samedi sur deux en moyenne. C’est trop selon les commerçants et la Ville de Genève. Ils demandent un arbitrage plus strict des cortèges autorisés à traverser le pont du Mont-Blanc.
Un samedi de manifestation, ce magasin de fleurs voit son chiffre d’affaires réduit de 25% en moyenne, en comparaison avec un samedi sans cortège: «On a une baisse qui peut aller jusqu’à 80% de personnes en moins qui passent en magasin. En revanche, c’est compensé en partie par les gens qui font leur commande par internet ou par téléphone» raconte Charles Millot, CEO chez Fleuriot fleurs. Pour certains commerces genevois, la baisse de chiffre d’affaires peut atteindre 40%.
Chez ce fleuriste, si les commandes par internet compensent en partie les pertes, elles posent d’autres problèmes: «Mes chauffeurs sont extrêmement embêtés pour livrer le samedi. On doit soit se dépêcher de tout livrer avant 15h-16h parce qu’à 17h vient le cortège, soit on doit reporter des livraisons au dimanche, ce qui est inacceptable» se désole le commerçant.
«Les manifestations sur le pont du Mont-Blanc sont devenues la règle»
La Ville est elle aussi mécontente du nombre de cortèges autorisés à défiler sur son territoire: «Aujourd’hui ce que je regrette, c’est que les manifestations sur le pont du Mont-Blanc sont devenues la règle, et pas l’exception. Et ça par le passé – l’année dernière, pas besoin de remonter très loin – le pont du Mont-Blanc c’était vraiment exceptionnel, pour des manifestations qui sortaient de l’ordinaire. On doit trouver un meilleur équilibre entre le droit de manifester que je ne remets absolument pas en cause, et le respect de la liberté économique» martèle Marie Barbey-Chappuis.
La conseillère administrative en charge de la sécurité a écrit un courrier à Carole-Anne Kast, pour le moment resté sans réponse. Elle a envoyé une seconde missive après la manifestation de ce week-end.
Des arbitrages à fixer
De son côté, le Département des institutions et du numérique (DIN) constate une augmentation du nombre de demandes pour des cortèges. Auparavant, plus de manifestations étaient prévues à un seul endroit. Le porte-parole explique: «Dans le respect du droit de manifester, chaque décision tient compte des aspects sécuritaires tant des manifestants que des tiers ainsi que, autant que faire se peut, de l'impact de l'événement sur la mobilité et des autres événements sur le Canton. Nous essayons de trouver des solutions dans le respect du cadre légal par exemple sur le trajet d'un éventuel cortège, sur le lieu, sur les horaires de la manifestation, etc…» détaille la communication du Département.
Le DIN a proposé une rencontre entre les représentants de Genève Commerces et la direction de son service juridique; c’est lui qui délivre les autorisations de manifester. Mais pour Genève Commerce le temps presse: la faîtière espère des solutions rapides.