Genève

Me Olivia Ronen, avocate de Salah Abdeslam: «Chaque client est défendable»

03.05.2024 18h30 Rédaction

Olivia ronen

Connue pour défendre Salah Abdeslam, unique terroriste survivant des attentats du 13 novembre, Me Olivia Ronen est de passage à Genève pour participer à l’ouvrage collectif «Conscience, es-tu là ?».

Ce n'est pas le hasard qui a mené Me Olivia Ronen à accepter l'invitation de Me Nicolas Capt, Caroline Freymond et Vincent du Bois à participer à ce texte «Conscience, es-tu là?» L'avocate au barreau de Paris s'explique: «Je crois que c’est une question qu’on se pose souvent, vis-à-vis des avocats, et spécifiquement vis-à-vis des avocats de la défense».

Comment est-il possible qu’une personne ait envie de défendre ceux que certains pourraient penser «indéfendables»? À cette question, l'avocate pénaliste n'a aucun doute: «On a l’usage de dire "plus le dossier est compliqué, plus on a envie d’y aller" Pourquoi? Parce qu’il va y avoir le défi de rendre "audible" une défense que personne n’a envie d’entendre. Il va falloir trouver les bons mots, trouver les bons axes, sonner le plus juste, pour offrir la meilleure défense possible. Et la défense, c’est quelque chose d’indispensable en démocratie».

Défendre Salah Abdeslam, «pas une évidence»

Me Olivia Ronen raconte avoir réfléchi lorsque la demande de Salah Abdeslam, alors en prison, lui est parvenue. «Cela n’a pas été l’évidence, même si sur le papier j’en avais envie. Ça n’aurait pas été à tout prix», détaille-t-elle en précisant que le respect et l'indépendance sont au cœur de ses valeurs de travail. 

Le procès, très médiatisé, aura duré neuf mois de débat entre septembre 2021 et juin 2022. Une période singulière pour Olivia Ronen, accompagnée par Me Martin Vettes: «Ça a été une phase très longue où l’on passe par énormément d’émotions différentes, que ce soit sur le plan professionnel et sur le plan humain».

Défendre l’un des hommes les plus détestés de France, voire d’Europe, peut-il faire craindre de devenir la femme la plus détestée de France? «J’ai été agréablement surprise. Je m’attendais à avoir un déferlement de haine, des insultes et des menaces. Je n’ai reçu qu’un mail désagréable. Tous ceux qui prenaient la plume pour s’adresser à moi me disaient des choses très encourageantes. Cela m’a réconforté sur le métier.», indique Me Olivia Ronen.

Le métier d’avocat ça signifie beaucoup de choses, selon l'avocate: «C’est pouvoir porter la voix de ceux que personne ne veut entendre. C’est quelque chose qui me porte à cœur, et ce n’est pas toujours facile. Notre rôle consiste à dépasser le stade des émotions, que l’on ressent tous. Pour pouvoir ensuite essayer de participer à l’œuvre de justice en s’extrayant de tout ce qui est mouvement de foule. Chaque client est défendable.»