Mobilisation politique en faveur de l'histoire et la géographie
Pas touche aux heures d’histoire et de géographie au collège! Le projet du Département de l’instruction publique de sabrer dans ces disciplines pour se conformer à une ordonnance fédérale provoque colère et incompréhension. Dans une époque complexe, la majorité de la classe politique estime que ces branches ne doivent pas être sacrifiées. Une pétition en ligne issue de l’Université de Genève vient d’être lancée et réunit actuellement plus de 700 signatures.
De gauche à droite de la classe politique, c’est la consternation devant la menace qui pèse sur l’histoire et la géo au collège. Fin mars, le Grand Conseil a accordé un large soutien à une motion écologiste réclamant de conserver la dotation actuelle de ces branches. Ce texte a séduit jusqu’à l’UDC et au MCG. Pour la majorité des députés, la lecture du monde contemporain requiert plus que jamais la connaissance du passé et un savoir critique.
«C'est un sujet qui, je pense, n'est pas forcément politique, mais qui touche à différentes dimensions de la citoyenneté. D'ailleurs, différentes interventions ont mis en avant aussi le devoir de mettre en avant la citoyenneté. Et dans le contexte dans lequel nous vivons actuellement, quand on voit le cours de l'Histoire, je pense que ces disciplines-là sont assez importantes pour prendre un peu de recul sur tout ça.» estime la députée verte Angèle Habiyakare.
Le PLR isolé sur cette question
Seul le PLR s’est rangé du côté de sa magistrate. «C'est le reste de l'échiquier politique qui a soutenu en texte émotionnellement. Non, nous ne visons pas simplement à soutenir notre conseillère d'État, mais effectivement, nous soutenons le département dans la démarche d'avoir une vision globale et nous pensons qu'on ne peut pas faire du bon travail en plénière. Il aurait fallu au minimum l'envoyer en commission.» estime la députée PLR Céline Zuber-Roy.
Le DIP doit adapter la grille horaire et le plan d’études de la maturité à une nouvelle ordonnance fédérale. Augmenter les heures dans les sciences dures notamment se ferait donc au détriment des sciences humaines. Le scénario le plus extrême envisagé prévoit de diviser par deux le nombre de cours d’histoire. «Il y a obligation d'augmenter certaines dotations de disciplines pour que Genève se mette en conformité à la nouvelle ordonnance fédérale en termes de pourcentages. Si ces augmentations ne sont pas compensées par des diminutions d'autres disciplines, la grille horaire des cours des élèves va augmenter ce qui n'est pas souhaitable» nous répond le département de l'instruction publique.
Des consultations à sens unique
Dans une volonté participative, le département a largement consulté pour élaborer ces scénarios. Jusqu’au Conseil de la Jeunesse. Pourtant, cette institution s’estime flouée. Sur le fond, car elle défendait elle aussi la culture générale, comme sur la forme. Pour le président de conseil de la jeunesse, Gabriel Haddad, c'est une surprise. «Nous qui avons été auditionnés, dans un premier temps, avions donné des lignes directrices qui concernaient la jeunesse. Elles valorisaient les sciences sociales, qui mettaient en avant la citoyenneté par exemple. On nous a répondu par un gros silence, puis plus rien. Jusqu'au moment où on voit apparaître dans les journaux, comme quoi les sciences humaines étaient totalement scindées, coupées, voire presque inexistantes dans cette nouvelle maturité.»
Désormais, la réforme du plan d’études du Collège est dans les mains du DIP. Il a six mois pour donner suite à la motion ou refuser de revoir sa copie.