Le Conseil d’État valide neuf féminisations de noms de rues
Neuf rues et places de la Ville de Genève vont être renommées d'après des femmes qui ont marqué l'histoire locale. La portion de la rue Jean-Senebier devant le monument aux morts deviendra la place Noëlla-Rouget, d'après la résistante d'origine française décédée en 2020, à 100 ans.
Le Conseil d'Etat a suivi les recommandations de la commission cantonale de nomenclature pour valider les propositions faites par la Ville de Genève, a-t-il annoncé mercredi à l'issue de sa séance hebdomadaire. Il se dit particulièrement attentif à ce que ces changements soient acceptés et exclut désormais les rues pour lesquelles les habitants ont manifesté des oppositions.
La Ville de Genève avait déposé un dossier comportant 16 changements de dénominations, a-t-elle rappelé mercredi. Le gouvernement en a refusé sept, dont celui de rebaptiser la place des Alpes au nom de l'écrivaine et prostituée Grisélidis Réal (1929-2005). Une nouvelle proposition sera faite prochainement la concernant, a fait savoir le département municipal des finances, de l'environnement et du logement.
Cent plaques de rues
Parmi les rues renommées figure la rue de Beaulieu qui devient le chemin Rosette-Wolczak (1928-1943) d'après cette adolescente juive réfugiée à Genève, puis refoulée et morte à Auschwitz. La place Charles-Sturm, où se trouve le Pavillon de la danse, prend le nom de la danseuse Beatriz Consuelo (1932-2013), tandis que le parc dit Harry-Marc s'appellera parc du 14-Juin, date de l'inscription du principe d'égalité dans la Constitution en 1981.
Deux premières volées de dénominations féminines ont eu lieu en 2020 et en 2022, a rappelé le Conseil d'Etat. Ces modifications s'inscrivent dans la continuité du projet «100 Elles*» lancé en 2019 et qui vise à apposer cent plaques de rues portant des noms de femmes marquantes.
Pas de changements pour les grandes rues ou avenues
Le maire de Genève Alfonso Gomez salue cette validation: «Cela correspond à notre objectif, la féminisation de 30 noms de rues. Cela correspond également à la volonté du Grand Conseil en 2018de féminiser 100 rues dans le canton.» Toutefois, le gouvernement met en garde qu’il ne validera plus aucune demande soumise à opposition des riverains. «Un mauvais signal», d’après Alfonso Gomez, qui estime que cette décision exclura d’office les grandes rues et avenues.
«Je regrette surtout pour les autres communes qui se lancent dans ce processus, car pour elles cela sera beaucoup plus difficile», ajoute-t-il. À l’avenir, la Ville de Genève va continuer à proposer des féminisations, tout en prenant en compte de la probabilité de voir une féminisation aboutir. «J’espère qu’un jour nous verrons une rue ou une place Grisélidis Réal dans notre ville», conclut Alfonso Gomez.