Genève

Nomination d’Alain Bachmann à l’OCSIN : «On est clairement dans un cas de népotisme»

14.03.2024 19h37 Denis PALMA

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Nous le révélions hier, le père de la conseillère d’État Delphine Bachmann, lié également de manière indirecte à la grande argentière du canton Nathalie Fontanet, a été nommé directeur général de l’Office cantonal des systèmes d’information et du numérique. Cette désignation suscite depuis de vives critiques au sein de la classe politique. Népotisme pour certains, d’autres voient dans cette nomination un problème éthique et un conflit d’intérêt évident. Le conseil d’État dans son ensemble n’est pas épargné.

Au milieu du communiqué de presse hebdomadaire du Conseil d’État d’hier, un paragraphe et une photo ont suffi à mettre le feu aux poudres. On y lit que sur proposition de Carole Anne Kast, le Conseil d’État a approuvé la désignation d’Alain Bachmann, 60 ans, père de la Conseillère d’État Delphine Bachmann, lié aussi indirectement à la famille de Nathalie Fontanet, en tant que directeur général de l’OCIN. Soit une suite logique pour ce fonctionnaire qui a cumulé 30 ans de carrière à l’État en tant qu’ingénieur, actuellement membre du collège de direction de cette institution.

Même si la procédure semble parfaitement légale, et sans remettre en cause les compétences d’Alain Bachmann, certains y voient un grave problème d’éthique. «L’OSCIN touche à toutes les politiques publiques, à tous les départements. Cette personne a des liens familiaux avec les conseillères d’État (Delphine Bachmann et Nathalie Fontanet). Cela pose un problème d’accointance, de séparation et de limites, estime la députée écologiste Marjorie Chastonay. Il y a un souci de crédibilité et d’éthique», conclut-elle.

«Il y a possiblement un conflit d’intérêt»

Une analyse que partage le président du parti socialiste qui se dit «surpris» par cette nomination. «Au parti socialiste, nous allons entendre la conseillère d’État Carole-Anne Kast pour comprendre cette nomination», annonce Thomas Wenger. «Il va falloir prendre des décisions au niveau de la délégation à la transition numérique où siège Madame Bachmann et Madame Fontanet qui ont des liens familiaux avec le nouveau directeur de l’OCIN. Il y a possiblement un conflit d’intérêt, elles doivent donc se retirer de cette délégation. Et en cas de priorisation des investissements numériques par département, elles doivent aussi se récuser sur la décision pour que tout soit transparent.»

À l’UDC, on parle sans détours de népotisme. «Comment le Conseil d’État a-t-il pu nommer Monsieur Bachmann sans voir que cela allait poser un problème pour la population ? Il y a un tel détachement avec la population», s’exaspère le président de l’UDC Genève Lionel Dugerdil. «Il va falloir que le Grand Conseil se penche sur des règles un peu plus claires pour dire qui le gouvernement peut nommer de sa famille et à quels postes. Nous sommes là clairement dans un cas de népotisme.»

«Le devoir du Conseil d’État, c’est de nommer le meilleur candidat et c’est ce qu’il a fait»

Au Centre, on estime que cette affaire n’en est pas une : «Delphine Bachmann s’est récusée lors de la nomination de son père», argumente Sébastien Desfayes. «Nathalie Fontanet n’a aujourd’hui aucun lien de parenté avec Alain Bachmann. Le devoir du Conseil d’État, c’est de nommer le meilleur candidat et c’est ce qu’il a fait en nommant Alain Bachmann qui est unanimement reconnu pour ses compétences. Il a mené durant plus de 30 ans une carrière exemplaire à l’État.»

La polémique ne s’arrêtera pas aujourd’hui. La députée MCG entend remettre en question la nomination d’Alain Bachmann alors que l’UDC a d’ores et déjà annoncé plancher sur la rédaction d’un projet de loi.