Genève

Nouvelle recrue chez les pompiers de l'aéroport

22.11.2023 18h32 Julie Zaugg

SSLIA

Elle s’appelle Julie Le Bourbouach et elle est la première femme à intégrer les pompiers de l’aéroport de Genève. La caserne a longtemps été fermée aux femmes ; elle s’est ouverte il y a peu aux candidatures féminines. 75 ans après la création du service, les rangs se diversifient enfin. Portrait de cette nouvelle recrue.

Yannick Le Bourbouach ne compte plus les calendriers des pompiers. Pour une bonne raison: sa fille Julie y figure. Une activité devenue aujourd’hui métier-passion, dont l’histoire commence il y a bien longtemps, lors du forum des associations de la ville avec Julie et sa soeur… Il se souvient : «On fait le tour, le violon, le jugo, le tennis… puis la grande, Mélanie, demande à aller voir les pompiers. Je lui dit « bah non ce n’est pas pour toi », je ne savais pas qu’ils prenaient des jeunes ! Puis on m’a demandé si je voulais bien accompagner pour des sorties, des évènements. Finalement on m’a demandé si je voulais être pompier volontaire» dit Yannick. «Et c’est là qu’on est rentrés, tous les deux !» précise Julie. 

Être pompier c’est une histoire de famille. Si sa sœur n’a pas poursuivi une carrière de pompier, le papa est lui toujours volontaire et formateur à Bons en Chablais. Julie elle, a continué à se former. En commençant par les jeunes sapeurs-pompiers. «Je me rappelle clairement: au début, j’ai fait JSP uniquement pour le sport, parce qu’on m’a dit « vas-y, chez les pompiers y’a pas mal de sport». C’était cool mais clairement je ne m’intéressais qu’à ça. La théorie ce n’était pas du tout mon truc, ça ne m’intéressait pas du tout. J’ai mis deux ou trois ans avant de me dire « Oh c’est cool quand même d’apprendre des trucs ». 

De jeune sapeur à pompier professionnel

Et elle a continué d’en apprendre, des trucs, jusqu’à devenir pompier volontaire. Après un passage dans le sud de la France, elle revient vers le Léman et c’est côté Suisse qu’elle se lancé un nouveau défi en 2021: intégrer le centre de formation des pompiers professionnels genevois.  Brevet fédéral en poche depuis quelques mois, elle a rejoint les rangs du SSLIA, les pompiers de l’aéroport de Genève. 

Des photos, des souvenirs… Et des années plus tard, Julie n’est plus la petite fille qui pose devant les engins de l’aéroport baptisée Grande Puissance. C’est elle qui les manœuvre lors des interventions. Julie fait désormais partie intégrante des pompiers de l’aéroport. Fermée durant de longues années aux femmes, la caserne s’est ouverte peu à peu, depuis l’arrivée des premières ambulancières il y a quinze ans. Mais entre cette chasse gardée et un manque de postulantes, aucune femme n’avait encore intégré les rangs des pompiers en 75 ans… 

«C’est la première femme qui intègre une section incendie, j’en suis très fier. Ca s’est ouvert depuis quelques années et je pense que les femmes ont beaucoup d’avenir dans ce métier» expose le Major Yves Kreutzer, commandant du Service de Sauvetage et Lutte contre l’Incendie des Aéronefs. Et de préciser : «Pour nous on ne fait pas différence. L’important c’est que ce soit qui équipe qui réponde à un objectif»

Une ouverture bienvenue en caserne

Au quotidien les sections se relaient pour assurer les interventions sur le tarmac ou dans l’aéroport. Crises d’angoisse de passagers, ascenseurs bloqués, ou réacteurs en feu ; aucune journée ne se ressemble. Pas de grand bouleversement à l’arrivée de la nouvelle recrue, à part la création d’un espace vestiaire féminin. Pour le reste, en caserne, tout le monde est traité à la même enseigne. «Un pompier reste un pompier. Mon équipe est incroyable, les mecs sont supers. Il n’ya pas de part de féminité rejetée ou acquise. L’important c’est d’avoir la mentalité pompier, que l’on soit une femme ou non», nous dit Julie Le Bourbouach. 

D’autres recrues féminines sont attendues ces prochaines années et encouragées à postuler. «On espère pouvoir accueillir d’autres femmes dans les sections d’intervention. Nous avons une autre femme, à l’école de formation, prête à intégrer les rangs dès l’obtention de son brevet. On s’en réjouit vraiment !» renchérit l’adjudant Jimmy Landrecy. 

Pour Julie les années ont filé et la persévérance a payé. Sa carrière de pompier professionnel ne fait que commencer.