Parc des Évaux: victoire d’étape du canton et du football
EXCLUSIF - Les recours des associations de défense du parc et des communes d’Onex et de Bernex ont été rejetés par la justice. Le projet d’académie du football peut aller de l’avant. Mais un nouveau recours est probable.
Mauvaise nouvelle pour les communes d’Onex, de Bernex et les défenseurs du parc des Évaux. Dans un arrêt rendu le 27 mai dernier, le Tribunal administratif de première instance (TAPI) donne raison au canton et à la Fondation des Évaux, a appris Léman Bleu. Oui, l’installation de l’académie du Servette FC pourra être construite dans le parc onésien. Non, les griefs invoqués par les recourants ne sont pas retenus.
Pour autant, l'État a la victoire humble: «Le canton se réjouit en particulier du fait que le TAPI ait relevé dans son jugement que la présence sur le territoire cantonal d'un site de formation en matière de football relevait d'un intérêt public évident, notamment pour les jeunes sportifs genevois», explique par écrit le Département de la cohésion sociale. S’il sait qu’un recours des communes et des associations est probable, il veut cependant aller de l’avant: «Le canton confirme son intention de libérer la parcelle de Balexert pour construire un cycle d’orientation, dont la population a grandement besoin, et de réaliser les travaux aux Évaux en attendant la construction définitive du pôle football à Crotte-aux-Loups.» Cette bisbille bloque en effet tous les projets de construction et relocalisation, d’une nouvelle école à ce centre pour les Grenat.
La biodiversité n'est pas en danger et les usagers du parc ne subiront pas d'inconvénients graves
Dans cette décision, le Tribunal balaie les arguments concernant la biodiversité ainsi que les griefs liés à la mobilité et au trafic, se fondant sur l’arrêt de la Chambre administrative, relate le Département de la cohésion sociale. L’augmentation du trafic est jugée non significative. Il estime qu’une modification de zone n’est pas nécessaire pour procéder à la rénovation et à la transformation de terrains de foot déjà existants ainsi qu’à la construction d’un pavillon provisoire. Et qu’une étude d’impact n’est pas nécessaire.
Le Tribunal relève aussi que les usagers des Évaux ne subiront pas d’inconvénients graves du fait de l'utilisation de quatre terrains de compétition par l'académie du SFC, en alternance avec d'autres clubs sportifs. L’argument brandi par les recourants de nuisances sur le milieu naturel, la faune et la flore ne l’a pas non plus convaincu. Enfin, il estime que l’affectation de 100 places de parking du P+R Bernex aux visiteurs ne revient pas à une privatisation du parking.
Une affaire à tiroirs qui dure depuis fort longtemps
Cette affaire agite la République depuis près de cinq ans. En attendant qu’un pôle football voie le jour sur le site de Crotte-au-Loup, à Vernier, le canton voulait l’installer aux Évaux. Il dépose des requêtes pour des autorisations de construire en juin 2021, pour un pavillon provisoire ainsi que la construction et rénovation de quatre terrains de football. En mars de l’année suivante, les autorisations sont délivrées. Mais des associations et la commune d’Onex, farouchement opposées à ce qu’on empiète sur un poumon de verdure, ne l’entendent pas de cette oreille. Unies dans une coalition «Sauvons le parc des Évaux», elles font donc recours.
En juin 2023, une première décision du Tribunal administratif de première instance (TAPI) tombe. C’est une gifle pour le Conseil d’État. La justice invalide les autorisations de construire pour la réalisation de ce projet, mais uniquement sur la base des griefs afférant à la mobilité, se dispensant d’examiner les autres. Devant cet examen jugé partiel, le canton et la Fondation des Évaux ne s’avouent pas vaincus et recourent à leur tour. En mars 2024, retournement de situation: la Chambre administrative de la Cour de justice admet le recours de l’État, annule le jugement du TAPI et lui renvoie le dossier pour nouvelle décision. Celle-ci arrive la semaine dernière et approuve les arguments du canton. Ce faisant, les autorisations de construire ressuscitent.
Onex et les associations réfléchissent à un recours
Comment se fait-il que cette partie de ping-pong débouche sur deux jugements différents du même tribunal? C’est qu’il a dû traiter les autres griefs qu’il n’avait pas pris en considération la première fois. S’agissant de la mobilité, déjà tranché par la Chambre administrative, il ne pouvait que prendre acte sans plus se prononcer.
Pour les autorités d’Onex, la pilule est amère. Car c’est un dossier politique hautement sensible pour la commune. Contacté, le Conseil administratif, en séance ce mardi après-midi, réfléchit à un recours et s’exprimera à l’issue de sa séance. Tout comme les associations, qui consultent leurs comités.
Pour l’heure, c’est un partout, balle au centre. Mais le match n’est peut-être pas terminé.