Genève

Participation politique des étrangers à Genève: viser l'égalité

02.11.2023 17h48 Julie Zaugg

vote

A Genève, la participation politique des étrangers se maintient à un niveau faible aux élections communales, en particulier celle des Portugais et Espagnols, selon une étude de l’Université de Neuchâtel. Une impulsion forte doit être donnée pour viser l'égalité.

À Genève, on compte 34'000 personnes d’origine portugaise avec le droit de vote aux communales et 15'000 d’origine espagnole. Soit 10% de la population du canton. Un chiffre conséquent, pourtant leur mobilisation dans les urnes est moindre. En 2020 par exemple, 15% des Portugais et Espagnols ont voté aux communales contre 40% des Suisses. 

L’étude présentée aujourd’hui a tenté de déterminer pourquoi ce désamour des scrutins municipaux. Menée par le bureau de l’intégration et de la citoyenneté (BIC) de Genève et le Forum suisse pour l’étude des migrations et de la population (SFM) de l’Université de Neuchâtel, l’étude fait état des éléments suivants: une insécurité, face à des discriminations et le sentiment d’être « juste un locataire », la difficulté à trouver un relai politique fiable et être compris, la difficulté à comprendre le système de vote en Suisse, mais aussi l’impression du vote comme un outil inutile, en écho aux passés des deux pays et leurs élections jugées corrompues. Enfin et surtout, la difficulté à se sentir concernés par les objets de votations communales. Alors que faire pour changer la donne ?

Des pistes pour renforcer l'intégration 

«Il y a un intérêt pour le vote cantonal, non pas parce que c'est cantonal mais parce que cela est en lien avec leurs préoccupations directes. L'accès à la naturalisation de façon moins ardue pourrait aussi intéresser» explique la sociologue des migrations du SFM, Rosita Fibbi, qui a chapeauté l'équipe derrière l'étude. Et de rajouter: «Mais je pense, plus gloablement, qu'une meilleure compréhension du système politique est nécessaire ainsi que se retrouver dans un personnel politique qui les écoutent et leur ressemble».  

Vient là aussi parfois la difficulté pour des élus d’origine étrangère de faire leur place et porter la voix de leur communautés. En témoigne le Maire de Genève, originaire de Galice au nord de l’Espagne. «Cela nous demande d'être d'autant plus actif en politique, participatif. On n'a pas voté pour moi parce que je m'appelle Gomez, mais on a pu voter contre moi pour la même raison. Ensuite, on a vu le travail que je faisais. Cela plaisait ou pas mais c'est cela qui fait la différence» nous dit Alfonso Gomez.

Accompagner les communautés 

Vient désormais le besoin de mesures variées pour contrer ces multiples facteurs d’abstention. «Les communautés ont besoin d'être reconnues par les autorités politiques et d'un lien plus régulier car c'est vrai qu'aux communales ont ne vote que tous les 5 ans... Et puis les communautés ont aussi besoin d'apprendre ce qu'est une élection, une votation! C'est une échelle de propositions à tous les niveaux» expose le conseiller d'Etat en charge de la cohésion sociale Thierry Apothéloz. 

Initiatives ciblées, intervention pour expliquer et faciliter le système de vote, les pistes sont diverses. Une rencontre est organisée ce soir à la salle communale du petit Lancy pour dévoiler l’étude aux communautés y ayant participé et discuter de leurs attentes.