Pascal Crittin: «Je ne peux pas accepter d’être traité publiquement de menteur»
La hache de guerre n’est pas prête d’être enterrée entre la RTS et le Conseil d’État genevois. Lundi nos confrères de la Tribune de Genève révélaient que le gouvernement a lancé une procédure à l’encontre de la RTS, pour avoir loué deux étages de la tour. Mercredi sur notre plateau, Antonio Hodgers a attaqué la RTS et son directeur. Ce dernier répond.
«Le jeu de ping-pong dans les médias n’est pas très sain. Mais s’il faut s’expliquer, on s’explique. Il n’y a pas de problème sur la transparence.» C’est en ces termes que le directeur de la RTS Pascal Crittin s’exprime ce jeudi sur notre plateau. Ne voulant initialement pas mettre de l’huile sur le feu, Pascal Crittin a tenu à répondre à ce qu’il estime être des attaques personnelles de la part du président du Conseil d’État Antonio Hodgers: «J’ai été traité de menteur. C’est une atteinte à la personnalité et je refuse cette accusation.»
Antonio Hodgers jugeait la veille que la RTS ne remplit plus sa mission de service public. Pascal Crittin réfute: «pour moi, cette mission s’incarne dans les programmes que l’on diffuse tous les jours. Pour le reste, nous devons gérer de manière responsable nos moyens. Je pense que laisser deux étages vides dans la tour, au coeur de Genève, c’est du gaspillage d’argent public.»
Dialogue rompu
En effet, une partie de la tour est sous-louée à une multinationale. Pour le gouvernement genevois, la RTS aurait dû le consulter dans cette optique, la tour étant sur terrain public. Les termes du contrat de bail ne sont pas analysés de la même manière entre la RTS et l’État. Mais au delà du fond, la forme interroge. Le dialogue semble être rompu entre les parties: «Je le regrette. J’ai une lettre du 7 juin dans laquelle je dis que nous sommes ouverts à la discussion pour trouver une solution à l’amiable. Et pourquoi pas à travers une médiation.Et voilà que j'apprends lundi dans la presse qu'une procédure a été lancée contre nous».
Refus du Temps, par pour l'argent
Antonio Hodgers aurait souhaité voir un média investir les lieux, plutôt qu’une grande entreprise. Pascal Crittin s'interroge: «Je suis surpris qu’à Genève, on parle comme ça d’une multinationale. 250 personnes viennent chaque jour au coeur de Genève dans la tour. C’est une entreprise dite «média». Nous n’avons pas pris le premier venu. Nous avons contacté des médias, nous avons essuyé des refus.»
Pascal Crittin précise même: «nous discuté avec Le Temps lorsqu’ils partaient de Lausanne pour rejoindre Genève. Et je peux vous le dire ce soir, le prix n’a pas été un élément déterminant dans le choix de ne pas venir chez nous.»
Rancoeur ?
La RTS doit déménager à Lausanne en partie dans les prochaines années. Certaines équipes et émissions resteront à Genève mais l’actualité ne sera plus à la tour. Cette annonce à l’époque, avait fâché déjà, le Conseil d’État. Ce dossier immobilier serait-il une vengeance ou un signe de rancoeur ? «Je ne peux pas qualifier ce que les gens ont dans le coeur» élude Pascal Crittin. «Je sais qu’il est symboliquement important de déplacer l’actualité. Mais on ne peut plus fonctionner comme dans les années 60. Les étages vides de la tour sont libres car il y a du télétravail et que nous avons cassé des cloisons pour créer des espaces. Cela libère ainsi des m2. Cela n’a rien à voir avec le départ à Lausanne.»
Discussion ou justice
Sur la suite à donner à cette affaire, le directeur de la RTS n’y va pas par quatre chemins: «Il y a deux solutions: la discussion pour trouver une solution. L’autre, c’est le tribunal. Le juge devra dire quelle lecture faire de ce dossier».