Genève

Pierre-Henri Pingeon: «On ne fait pas ce métier pour être apprécié»

15.04.2025 18h59 Rédaction

Le nouveau président de la Cour des Comptes dresse un bilan chiffré de l’année écoulée. L’institution a répondu à près de 188 alertes citoyennes et permis de dégager 24 millions de francs d’économies.

Arrivé en cours d’année à la tête de la Cour des Comptes, Pierre-Henri Pingeon poursuit les chantiers lancés par ses prédécesseurs. «Même si l’équipe n’a pas été intégralement renouvelée», précise-t-il. L’heure est au bilan. Et celui-ci est dense: 188 sollicitations issues de la population ont été recensées en 2024, un volume en hausse. Elles concernent tous types de sujets, souvent des soupçons d’irrégularités.

La Cour a l’obligation légale d’y répondre, ce qui, selon son président, participe à sa notoriété croissante. «Les gens savent que le travail sera public et que nous répondons», explique-t-il. En comparaison avec d’autres dispositifs cantonaux, la Cour reste la plus sollicitée.

Des économies concrètes et une pression politique

Résultat tangible de ces investigations: 24 millions de francs économisés, principalement à travers une mission médiatisée sur les Services industriels de Genève (SIG), initiée par une alerte. Un montant que Pingeon qualifie de «monnaie sonnante et trébuchante» rendue au «porte-monnaie des jeunes voix».

Avec un budget de fonctionnement de 4,8 millions, la Cour estime démontrer son efficacité, tant qualitative que quantitative. Mais le travail ne s’arrête pas là. À l’avenir, l’institution prévoit de se concentrer notamment sur la digitalisation de l’État. Un milliard est prévu par le canton pour transformer les services publics, un chantier majeur que la Cour veut accompagner de près.

Une institution parfois dérangeante

Interrogé sur les tensions avec les conseillers d’État, parfois irrités par les enquêtes, Pierre-Henri Pingeon reste imperturbable. Fort de vingt ans d’expérience dans l’audit privé, il affirme ne pas craindre la pression politique. «On ne fait pas ce métier pour être apprécié, mais pour être efficace», répond-t-il

La mise en œuvre des recommandations reste un défi. Souvent reportées, elles peinent à être appliquées malgré leur pertinence. Cette année, le taux d’exécution s’est toutefois amélioré. La Cour entend accentuer la pression, tout en s’appuyant sur les relais politiques, comme la Commission de contrôle de gestion et le Grand Conseil.