Politique du stationnement: 3'000 places supprimées en 10 ans
Au cours de la dernière décennie, les principales villes suisses ont supprimé plus de 11’000 places de stationnement, a révélé le Tages-Anzeiger. À Genève, cette réduction s’élève à 3’000 places, soit une diminution de 13% du parc initial. Qu'en pense le conseiller d'État en charge des mobilités? Entretien avec Pierre Maudet.
Depuis 10 ans, les places de parking diminuent en Suisse. Genève marque un rythme record avec la suppression de 13% du parc sur cette période. Pour Pierre Maudet, conseiller d’État en charge de la santé et des mobilités, la suppression des places de stationnement n'est pas une fin en soi, mais «le reflet d'une volonté politique».
Il précise que les chiffres mis en exergue concernent la Ville et non pas le canton et indique «en ville de Genève, la majorité rose-verte a toujours annoncé que c'était dans son programme et elle le réalise», avant de tacler «ça tombe bien, il y a des élections municipales prochainement».
En revanche, Pierre Maudet souligne que l'État doit veiller à ce que les suppressions soient compensées, principalement dans les parkings souterrains. «Nous n'avons jamais eu pour objectif de supprimer des places de parc. Cependant, leur suppression peut être justifiée lorsqu'elle permet d'améliorer la fluidité du trafic, de créer des pistes cyclables ou de faciliter le passage des transports publics», poursuit-il.
Une réduction nécessaire mais ciblée
Pour le conseiller d’État, l’enjeu principal réside dans l’équilibre entre les besoins des habitants et la transition vers des modes de transport plus durables. Il rappelle les initiatives récentes, telles que la gratuité des tpg pour les jeunes et le rabais pour les rentiers AVS/AI, ainsi que des projets de park-and-ride. «Nous souhaitons orienter les pendulaires vers des alternatives comme les parkings périphériques reliés aux transports publics, afin de libérer de l’espace en centre-ville,» explique-t-il.
En conséquence des suppressions en surface, les parkings de l’hypercentre restent souvent complets, comme ceux de Saint-Antoine ou du Mont-Blanc. Cette saturation soulève des questions sur la gestion des flux et l’usage ainsi que la taille du parc de stationnement. «L’intention n’est pas de pénaliser les habitants, mais d’encourager une meilleure rotation des véhicules. Cela inclut des mesures incitatives et non-coercitives,» affirme le conseiller d'État.
Une approche mesurée pour les deux-roues et les entreprises
Concernant les deux-roues, le conseiller d’État rejette l’idée de tarifer les places de stationnement, préférant instaurer des règles de rotation dans les zones commerciales pour éviter les usages pendulaires. Pas question non plus d'augmenter le prix du macaron pour les habitants qui n'ont pas de place de parking attribuée. «En tout cas, telle est la volonté du Conseil d'État», synthétise Pierre Maudet qui rappelle que le Parlement peut avoir un avis différent.
Quant aux stationnements privés des entreprises, il écarte la possibilité d’une fiscalisation: «Nous privilégions la collaboration avec les entreprises pour développer des solutions comme le covoiturage ou des navettes.»
Alors que certains reprochent à M. Maudet de poursuivre une politique impopulaire amorcée par ses prédécesseurs, le ministre genevois des transports défend une approche pragmatique et consensuelle: «L’éradication de la voiture au centre-ville n’est pas à l’ordre du jour. Nous continuons de dialoguer avec tous les acteurs pour trouver des compromis acceptables.»
Avec les élections en ligne de mire, la question du stationnement pourrait bien s’inviter au centre des débats politiques. En attendant, le plan de stationnement cantonal, voté fin 2024, sera déployé dans les mois à venir.