Pouvoir judiciaire: retour aux chiffres d'avant Covid-19
«On a retrouvé le niveau d’activité d’avant la crise du covid-19». Le pouvoir judiciaire a dressé son bilan pour 2022. Affaires pénales en hausse, au civil, l’augmentation des procédures liées à la protection de l’enfant inquiète. Le procureur général a également évoqué l’avenir de l’institution: la réforme de sa gouvernance ainsi que les critiques qui l’ont ciblé personnellement ces derniers mois.
Devant la presse, le procureur général a dressé le bilan de l’année écoulée et les défis à venir : En tout, 2022, c’est plus de 100 000 procédures traitées (+105 000). Les plus fortes hausses concernent les procédures pénales (+12%). Parmi elles, les délits routiers qui affichent une forte augmentation : + 31%. Chiffre qui s’explique par la récente modernisation des radars routiers.
«En quelques années, on a quasiment doublé le nombre de délits traités par le Tribunal des mineurs»
Le Tribunal des mineurs enregistre une hausse de 13% en 2022. Cette juridiction qui a reçu le récent renfort d’un juge supplémentaire, fait face à une augmentation constante des affaires à traiter depuis 2016. «En quelques années, on a quasiment doublé le nombre de délits traités par le Tribunal des mineurs. La hausse de cette année est forte mais c’est surtout l’analyse sur une dizaine d’années qui est frappante», explique Olivier Jornot.
«Le nombre de nouveaux dossiers ouverts est quelque chose qui inquiète»
Concernant les affaires civiles, le Tribunal de protection de l'adulte et de l'enfant accuse 19% de hausse des affaires qui concernent des mineurs. Une juridiction injustement visée par les critiques, estime Olivier Jornot. «J’ai pleinement confiance dans le travail de ce tribunal qui fait un travail extraordinaire dans un contexte difficile où la société produit de plus en plus de besoin de protection. Voire année après année le nombre de nouveaux dossiers ouverts est quelque chose qui inquiète».
La réforme de la gestion de la commission, un moyen de renforcer la cohésion de la justice
Le procureur général a également évoqué l’avenir, à commencer par la réforme de la gestion du pouvoir judiciaire dès 2026. Ce projet qui prévoit une présidence tournante de l’institution sera, selon Olivier Jornot un plus : «faire entrer le président ou la présidente de la Cour de justice dans la juridiction peut-être un moyen de renforcer la cohésion de la justice et de mettre fin à ce débat qui n’a que trop duré. Olivier Jornot est-il prêt à partager la présidence, donc le pouvoir ? Partager une présidence, c’est partager du pouvoir c’est aussi partager des ennuis, donc je me réjouis de partager», répond le magistrat avec un sourire au coin de la bouche.
«Je fais fonctionner cette institution avec bonheur et je continue»
Affaire des écoutes d’avocats ou celle qui concerne Simon Brandt, Olivier Jornot a été personnellement ciblé par les critiques. Certains députés ont même demandé sa démission. Le procureur général, lui, affirme garder le cap. «En tant que représentant d’une institution, j’ai l’habitude de traverser les vraies tempêtes et les tempêtes dans des verres d’eau aussi. On a demandé ma démission lors de l’acquittement en appel de monsieur Maudet. On demandera encore souvent ma démission. Pour ma part, je fais fonctionner cette institution avec bonheur et je continue», conclut le procureur général avec conviction.
La mise en oeuvre du dossier judiciaire électronique, qualifiée de véritable révolution, ainsi que la révision du Code de procédure pénale sont également des enjeux majeurs pour le pouvoir judiciaire dans les années à venir.