Précarité: les épiceries Caritas voient leur fréquentation bondir
Le chiffre d’affaires bat tous les records et ce n’est pas une bonne nouvelle. Caritas n’a jamais été autant sollicitée. La fréquentation des épiceries solidaires, déjà record en 2022, a bondit de près de 8 % à Genève. La ville du bout du lac est particulièrement touchée.
Voilà 5 ans que Saber Baccouche travaille à l’épicerie Caritas de la rue de Carouge, et depuis le Covid, il constate une affluence toujours plus forte dans cette échoppe de Plainpalais. «Avant, on faisait deux ou trois commandes par semaine, maintenant les arrivages ont lieu pratiquement tous les jours», remarque ce gérant adjoint de l’épicerie Caritas Plainpalais.
«Un des seuls moyens pour me nourrir»
Sucre, farine, légumes et fruits. C’est ce que viennent chercher les bénéficiaires de cette épicerie qui vend des produits nettement moins chers que dans le commerce. Comme Isela qui vient ici depuis plusieurs années. «J’ai un petit salaire et je suis une maman célibataire. Je n’ai pas beaucoup travaillé. C’est pour ça que je viens ici.» Stacy, étudiante en sociologie, est une toute nouvelle usagère. Malgré 3 jobs, elle doit compter chaque sous, dit elle. «Caritas, c’est un des seuls moyens que j’ai pour me nourrir. Je viens principalement pour les légumes, en essayant de compter.»
«Quand on est limité dans ses choix de produits à disposition, ce n’est pas facile. Mais on a énormément de chance de pouvoir bénéficier de ce type d’aide. » Stacy, étudiante à l'UNIGE
Des chiffres qui explosent
Dans toute la Suisse, les épiceries Caritas n’ont jamais été autant sollicitées après une année déjà record en 2022. Le chiffre d’affaires dans les épiceries a bondi de 11 % et le nombre d’achat de 4,7 %.
Pour Genève, les résultats sont encore plus alarmants: 18 % de chiffre d’affaires et près de 8% de fréquentation supplémentaire. Des chiffres qui s’expliquent par une affluence forte du public habituel et par l’arrivée d’une nouvelle clientèle. «On voit une population fragilisée depuis le Covid et qui n’arrive pas a récupérer», constate la directrice de Caritas Genève, Sophie Buchs. «Et puis cette partie de gens qui arrivait tout juste a s’en sortir, maintenant n’y arrive plus. Cela nous préoccupe et démontre qu’il y a une augmentation de la précarité en Suisse.»
Caritas détient deux épiceries à Genève, une à Plainpalais - l’autre à la Servette, et 22 dans toute la Suisse. L’année dernière, plus d’un million d’achats y ont été effectués.