Prime Energy: Genève contrainte d’enquêter, les victimes inquiètes

Le Tribunal pénal fédéral a désigné Genève pour instruire l’affaire Prime Energy, critiquant l’inaction des parquets bâlois et genevois. Une décision qui fait bondir les représentants des centaines de petits porteurs lésés.

Dans un arrêt sans détour, le Tribunal pénal fédéral a pointé du doigt l’absence d’initiative des parquets de Bâle et de Genève, révélée par 20 minutes. Aucun n’a voulu prendre en charge l’enquête sur la débâcle Prime Energy, une faillite retentissante dans le domaine des obligations vertes.

À Genève, les petits porteurs se disent stupéfaits. «Genève n’a rien fait pour qualifier correctement les faits», accuse Me Robert Assaël, avocat d’une vingtaine de victimes. Le ministère public genevois a écarté la piste de l’escroquerie, à l’inverse de Bâle, préférant parler de gestion déloyale. Une manœuvre juridique qui renvoi le dossier à Bâle.

Me Assaël dénonce l’absence totale d’actes d’instruction à ce jour: aucun interrogatoire, aucune audition de plaignants, ni même des mesures conservatoires. «Genève a clairement cherché à s’en débarrasser», tranche-t-il.

Même son de cloche du côté de Jérôme Fontana, représentant plusieurs centaines de victimes. Il s’interroge : «Est-ce que la justice genevoise va se donner les moyens de mener cette enquête tentaculaire ? Prime Energy est aussi présente ailleurs en Europe. Huit mois après la faillite, il est temps d’agir pour protéger les victimes et les fonds disparus.»

Le Tribunal s’est donc appuyé sur un critère formel pour trancher : la première plainte a été déposée à Genève. Ce sera donc au parquet genevois de s’emparer du dossier.

Fondée dans le domaine des énergies renouvelables, PrimeEnergy Cleantech a levé 122 millions de francs via des obligations «vertes». En octobre 2024, la société fait faillite. Elle est soupçonnée d’avoir détourné des fonds, dont un prêt de 19,5 millions accordé sans garantie à une entité liée à son fondateur, Laurin Fäh.