Procès des Charmilles: Forte émotion des proches du jeune poignardé à mort
L'émotion était forte dans la salle du Tribunal criminel de Genève mardi matin, au second jour du procès du meurtre des Charmilles. Les amis et la famille du jeune Portugais de 22 ans poignardé à mort sont revenus sur les événements du 19 janvier 2019 au petit matin.
Cette journée est forte, très forte en émotions. La matinée était dédiée à l’audition de la partie plaignante, soit les amis de la victime qui étaient présents au moment du drame. Mais aussi sa famille, ses parents et son frère. Les amis ont été entendus à nouveau sur certains points précis des faits mais aussi leur relation avec le jeune homme décédé, ce qu’ils ont fait ou ressenti à l’annonce de sa mort. Et là certains récits ont beaucoup ému.
Comme celui du cousin de Chris, qu’il considérait comme son frère. Présent lors du coup de couteau, il a compris qu’il était décédé lorsque les ambulanciers ont arrêté les soins sur place. Il s’est alors approché dit-il, pour lui faire trois bisous sur le front: un pour son père, son frère et sa mère.
Une maman dévastée qui a pris la parole ce matin avec beaucoup de dignité pour exprimer sa souffrance. Son mal de vivre et l’absence au sein de la famille. Les proches présents, mais aussi dans le public, jusqu’aux juges et au président. Les yeux étaient plus qu’embués. Pour l’avocat de la famille ce procès remue forcément mais est nécessaire pour avancer. «Elle attendait ce procès avec impatience. Il a enfin lieu et ils ont pu dire ce qu’ils avaient à dire. J’attends pour la famille de la victime qu’il soit dit qu’il a été tué gratuitement, de manière futile, qu’il s’agit d’un assassinat. Il faut qu’il y ait un verdict d’assassinat pour que mes clients puissent comprendre ce qu’il s'est passé.»
Un père détruit
Un assassin, ce n’est pas l’image que les parents de l’accusé principal ont de lui évidemment; ils étaient entendus comme témoins juste avant ma prise d’antenne. Le papa était très ému et a longuement détaillé l’enfance de son fils aîné: heureuse, joyeuse, un enfant intelligent. Il estime porter une part de responsabilité pour la suite des événements, car cette figure paternelle a vécu en Turquie loin de sa famille durant plusieurs années, années charnières pour son fils adolescent qui avaient besoin de lui, estime-t-il.
Une absence comblée par des mauvaises fréquentations et peu a peu une dégringolade vers les événements de Saint-Jean. Mais après cette affaire et les passages en institutions, il avait changé, avait montré qu’il était digne de confiance.
Ce drame des Charmilles a brisé ce papa, qui n’a pas revu son fils entre son incarcération en 2019 jusqu’à cette année. «Je voulais le punir mais aussi me punir moi-même. Par solidarité avec la famille de la victime, j’ai pensé que s’ils n’avaient plus leur fils alors moi non plus» a-t-il expliqué.
Aujourd’hui, les choses ont changé. Le père a soulevé l’impact bénéfique de la thérapie suivie par son fils en prison. Lorsqu’il l’a revu, il a revu un jeune homme adulte dit-il, réfléchi, posé, qui a pris ses responsabilités et avec un meilleur relationnel. Montrer que l’accusé principal a changé ce sera aussi l’objectif des plaidoiries de La Défense. Nous devrions les entendre mercredi ainsi que celles des avocats de la partie plaignante.