Genève

Quand Berset se demande si un chimpanzé ferait un meilleur discours

26.01.2023 09h54

Quand Berset se demande si un chimpanzé ferait un meilleur discours

Le ministre suisse de la santé Alain Berset (à droite) et le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus en mai 2021 à Genève lors de la signature d'un accord sur la question de la lutte contre la pandémie (archives).

Photo: KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

La Suisse a lancé à Genève un projet sur les données pour les Objectifs de développement durable (ODD). Relevant que les chimpanzés répondent mieux que les humains à des tests, Alain Berset s'est demandé si ceux-ci ne feraient pas un meilleur discours que lui.

Nommée 'Projet Rosling', du nom d'un célèbre statisticien, l'initiative a fait l'objet jeudi d'une première réunion organisée par la Suisse et ses partenaires. Elle constitue un suivi du Forum mondial de l'ONU sur les données (UNWDF) tenu en 2021 à Berne. Les Etats membres avaient alors approuvé un Pacte sur les données pour les ODD, appelant à davantage de collaboration.

Le projet veut étendre les synergies et renforcer les écosystèmes et le dialogue sur cette question. Les données alimentent des décisions politiques cohérentes et soutiennent le débat démocratique, selon la Suisse.

'Les fondements sur lesquels nous prenons nos décisions politiques et économiques sont fragiles', a déclaré le président de la Confédération lors de la discussion qui avait été prévue avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS). 'Nous pouvons faire mieux', a-t-il dit, avant d'ajouter que 'nous devons faire mieux'.

De même, les données facilitent la compréhension de thématiques parfois difficiles à saisir. Berne va s'engager dans chaque composante du nouveau dispositif. Devant les participants jeudi, M. Berset a affirmé qu'un responsable politique se pose habituellement la question de savoir comment il peut être plus convaincant que l'un de ses collègues ou homologues.

Hommage à Berset par Tedros

Mais en considérant Rosling et les données, 'un chimpanzé ne ferait-il pas dans tous les cas pas un bien meilleur discours?', s'est-il demandé avec humour. Ce statisticien 'nous a montré à quel point nous avions tort sur de nombreuses présomptions', a-t-il ajouté. Il avait aussi mis en cause les gouvernements sur leur utilisation des données.

M. Berset a appelé à collaborer davantage sur les données face aux problèmes sanitaires, pour lutter contre la pauvreté ou les famines ou encore contre le réchauffement. Il faut que celles-ci soient 'solides', a-t-il également estimé. 'Montrons à ces chimpanzés' ce que l'être humain vaut, a-t-il ajouté.

Après lui, le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a salué en M. Berset un 'ami'. Alors que le président de la Confédération est confronté à l'affaire des fuites dans son département sur la scène nationale, il a reçu un hommage 'pour avoir mis la Suisse en première ligne sur la question des données et de l'innovation numérique'.

Important pendant la pandémie

Depuis trois ans, des données solides se sont avérées très importantes face à la pandémie, a insisté M. Tedros, citant les statistiques sur le nombre d'infections, de victimes, d'hospitalisations ou encore de personnes vaccinées. Ces chiffres ont alimenté des décisions, par exemple où et quand porter un masque ou encore sur la limite maximale de personnes dans une salle.

Désormais, il faut encore davantage d'investissements des gouvernements, selon le patron de l'OMS, qui a rencontré brièvement M. Berset avant le début de la réunion. 'Nous n'atteindrons pas les ODD avec les systèmes de données de santé fragmentés et sans suffisamment de ressources qui persistent dans de nombreuses régions', a-t-il aussi ajouté.

Outre la Suisse, il a salué l'action de l'ONU, de la société civile, du monde académique ou du secteur privé. Mais il ajoute qu'il faut qu'ils collaborent entre eux.

/ATS