Genève

Réforme de la maturité gymnasiale: inquiétude autour du latin

15.05.2025 19h30 Rafael Pacheco

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La réforme de la maturité gymnasiale continue d’alarmer à Genève. Après la fronde pour sauver l’histoire, la géographie et l’espagnol, c’est au tour du latin de cristalliser les inquiétudes. Un des scénarios de la réforme pousserait cette branche vers une marginalisation. Une pétition pour préserver l’enseignement de la langue ancienne est lancée.

Le latin sera-t-il bientôt une langue morte… et enterrée? Le projet de réforme de la maturité gymnasiale est actuellement en discussion au Département de l'Instruction publique (DIP). Un des scénarios possibles rendrait l’enseignement du latin marginal.

Aujourd’hui au Collège, cette discipline peut être choisie dès la première année comme option spécifique ou comme discipline fondamentale. Mais avec la potentielle nouvelle mouture, plus d’option spécifique latin, ni d’enseignement avant la troisième année.

Une idée qui fait jaser, bien au-delà des simples latinistes. «C'est une erreur profonde parce que le latin est à la base de notre civilisation [...] je pense que le groupe de travail qui s'est penché là-dessus a choisi la facilité», argumente le professeur honoraire de l'UNIGE, ancien Président de l'Assemblée de l'Université, Dominique Belin. 

«Des solutions seront trouvées, rien n'est encore décidé» – Anne Hiltpold

Autre changement majeur: l’imposition d’options «bi-disciplinaires». Concrètement, des associations comme latin et anglais ne seraient plus possibles. Un frein de plus, selon les enseignants, à l’attractivité du latin.

Une pétition vient d’être lancée pour demander le maintien du latin en option spécifique dès la première année du collège. Une soixantaine de personnalités genevoises ont apporté leur soutien, comme l’avocat Marc Bonnant ou l’écrivain Joël Dicker.

Pour Dominique Belin il est fondamental de prendre conscience de l'importance de cette réforme. «En 1995, la réforme avait ouvert des portes de façon extraordinaire [...] On offre à nos gosses quelque chose d'infiniment précieux: la couche de fond. Sans couche de fond, vous ne pouvez pas skier», image le professeur honoraire.

Consultations en cours

De son côté, Anne Hiltpold rappelle que rien n’est gravé dans le marbre concernant cette réforme. Elle rassure: «Il n'est pas question de prétériter l'étude du latin. Comme pour l'espagnol, des solutions seront trouvées.  Rien n'est encore décidé, les arbitrages définitifs entre différents scénarios n’ont pas encore été effectués. Nous prêtons attention à toutes les remarques qui nous parviennent, elle seront également discutées en commission de l'enseignement du Grand Conseil.»

Cette réforme gymnasiale prévoit de continuer de faire des remous. Latin, histoire, géographie, espagnol ou encore mathématiques. Quelle branche perdra des plumes, l’avenir le dira. Dura Lex Sed lex.