Retour progressif à la normale après la crue centennale de l'Arve
L'Arve a connu mercredi matin son plus fort débit jamais enregistré. Plusieurs ponts ont été fermés à la circulation à cause du danger. La situation revenait progressivement à la normale, mercredi, en fin d'après-midi.
Genève a vécu aujourd’hui une crue historique, plus violente que le dernier épisode de 2015. Pour y faire face, les autorités ont dû prendre des mesures : fermetures de pont et installations d’un dispositif anti-inondations. Un épisode naturel n’a fait ni victime ni blessé, mais des dégâts notamment dans les sous-sols aux Vernets.
C’est une crue historique, d’une ampleur sans précédent depuis 1904. À 7h30 ce matin, le niveau de l’Arve atteignait son maximum : un débit record supérieur à 1000 mètres3 par seconde. Le spectacle à la pointe de la Jonction est impressionnant.
Pour empêcher tout débordement de l’Arve, pompiers et policiers étaient sur le pont cette nuit. Ils ont notamment concentré leurs forces entre les acacias et le pont Hans-Wilsdorf, le point faible du lit de l’Arve où son niveau est le plus bas. De la rubalise pour sécuriser les berges, mais c’est surtout l’installation de ces boudins pneumatiques sur 200 mètres qui a mobilisé les pompiers.
L’hydrologue Xavier de Mont-Baron était présent. «Il y a derrière des panneaux de coffrage en bois des sacs de sable posés contre les barrières. Ils sont renforcés par la présence de ces boudins, gonflés d’air puis d’eau. Ils ont pour but de stabiliser le dispositif en cas de montée des eaux. La crue de 2015 était un peu plus inquiétante malgré le fait qu’elle a été plus faible, car il y a eu une succession de trois événements. Pour celle-ci, il n’y aura pas d’événements successifs», relève l’hydrologue.
«Pour la fermeture des ponts, ce sont les ingénieurs qui décident»
Autres mesures : 5 des 8 ponts de Genève ont fermé progressivement durant la nuit. Lors d’un point presse tenu ce matin à 8h, le responsable communication de la police faisait un point sur la situation : «Pour la fermeture des ponts, ce sont les ingénieurs qui décident en fonction de l’ouvrage. Hans Wilsdorf est ouvert car légèrement surélevé, il y a encore le pont de Saint-Georges et le pont de Sierne qui est le plus fragile des trois», explique Alexandre Brahier. Ce matin à 8h, à côté de la circulation dense, les piétons s’arrêtent, émerveillés devant le spectacle offert par la crue.
Trottoirs et falaises fragilisés?
À 9h30, la décrue a commencé. À midi, le niveau de l’eau avait déjà baissé de manière significative, d'un mètre par endroit comme au niveau du pont Hans Wilsdorf. Les conséquences de cette crue vont maintenant être sondées. «Y a-t-il eu des érosions, des trottoirs ont-ils été fragilisés, ou des morceaux de falaises? Ce sont des choses qui vont être analysées par les spécialistes», avance l’officier communication du SIS, le lieutenant Nicolas Millot. Les dégâts causés par la montée des eaux dans les caves sont nombreux dans le périmètre d’Uni-mail jusqu’à la patinoire des Vernets où l’eau s’est infiltrée partout jusqu’aux sous-sols de l’infrastructure.
À 15h30, le débit de l'Arve est redescendu à 668 m3/seconde, annonce un communiqué de la police. Tous les ponts, à l'exception de la passerelle de la Bâtie, sont rouverts à la circulation. Cette crue a été plus violente que celle de 2015 mais moins longue.
Retour à la normale
Tous les ponts sont sur le point d'être réouverts, à l'exception de la passerelle de la Bâtie, toujours interdite aux piétons, a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la police genevoise Alexandre Brahier. Ce dernier a ajouté que les autorités continuaient de «surveiller la situation de près».
Les fermetures de ponts ont entraîné d'importantes perturbations de la circulation mercredi matin. Les transports publics ont été également impactés, les trams ne pouvant plus passer d'une rive à l'autre. Vers midi, les Transports publics genevois (TPG) ont toutefois annoncé le rétablissement progressif de leur réseau.
Confrontées à une situation exceptionnelle et sans autre solution, beaucoup de personnes se sont résolues à aller à pied à leur travail. À 18h30, le trafic routier avait repris sur les axes concernés. Les rives doivent être encore sécurisées demain.
La Haute-Savoie en alerte aussi
Comme leurs collègues genevois, les pompiers de Haute-Savoie ont eu une nuit agitée. Selon l'AFP, ils ont réalisé 130 interventions et pris en charge 110 personnes, mais aucune victime n'est à signaler.
L'Arve a été en «crue de type centennale, donc très violente, très brutale, mais avec une évacuation assez rapide», a dit mercredi le préfet de Haute-Savoie Yves Le Breton sur France Bleu Pays de Savoie.
Le secteur de l'Arve aval a été particulièrement concerné, notamment les communes de Gaillard, d'Annemasse ou d'Etrembières, aux portes de Genève.