Rixe à la fête foraine: plus de clémence demandée pour la famille
Quatrième et dernier jour d’audience avant verdict pour l’affaire de la rixe au Luna Park. Après avoir entendu hier les avocats des cinq amis mis en cause, c’était au tour des conseils de la famille et ses trois membres. Les plaidoiries ont duré toute la matinée.
C’est évidemment une version alternative des faits qui a été présentée ce matin devant la Cour. Et elle n’a pas manqué de faire réagir le public. L’avocate de la mère de famille, Me Aurore Jeanneret, est revenue sur l’origine de cette bagarre. D’après l’acte d’accusation, le mot négresse aurait été proféré à l’encontre de la maman, ce soir de juillet. Un motif de rixe «futile» selon le procureur, dans son requisitoire d’hier. Me Jeanneret s’est dite choquée que le racisme soit banalisé ainsi.
Etiquettes déjà distribuées
Elle estime que les cinq amis mentent depuis le début, que l’on a cherché à diviser l’opinion public en opposant "les cinq gentils genevois" a "l’infernale famille française". Les étiquettes seraient ainsi déjà distribuées. Une peine plus clémente a été demandée pour cette dernière, comme pour sa fille: une peine pécuniaire avec sursis.
Pour ce qui est du père, son avocat Me Jerôme Darbre n’y est pas allé de main morte. «Ce n’est pas dans mon habitude de taper sur le Ministère public» a-t-il dit, mais le réquisitoire de ce dernier était jugé excessif. «Le procureur s’est permis de nous faire un étalage de sa culture musicale en citant du rap français, mais on n’est pas sur Instagram a récolter des Like». Estimer que le petit dernier de la famille aurait mérité d’autres parents, ça ne passe pas. L’avocat en est persuadé: toutes ces punchlines du Ministère public étaient vouées à faire sortir de ses gonds le père de famille. «Hé non, le baril de poudre n’a pas explosé», a-t-il rétorqué. «Pendant votre réquisitoire, c’est vous qui êtes passé du côté obscur de la force, comme le dit la chanson».
Instruction à charge
Il a dénoncé l’instruction «très à charge» menée par le Ministère public à l’encontre de cette famille. Il dissocie les actes du père des actes du fils, beaucoup plus violents et lourds de conséquences – mais cela fera l’objet d’un autre procès en France voisine. Une peine de trois ans de prison avec sursis partiel (moins les deux ans déjà passé en détention provisoire) a été demandée.
Père et mère ont tenu à dire quelques mots avant la fermeture des débats. Cette dernière a remercié le tribunal pour son écoute, après deux ans de calvaire pour toutes les personnes concernées. Elle dit espérer repartir sur de bonnes bases après cela, «car la vie est belle, la vie est courte». Le père s’est ensuite excusé auprès des parents des cinq amis, pour ce qu’ils ont vécu ce soir-là. Il s'est aussi excusé pour les graves blessures infligées par son fils à certains garçons du groupe adverse. Il l’admet, il a fait de mauvais choix, guidés par la peur. Mais il persiste sur le fait qu’il avait en face de lui un groupe alcoolisé et moins maîtres de leurs réactions que ce que l’on veut bien croire.
Il revient au tribunal de trancher dans cette histoire. Le verdict sera rendu ce vendredi en fin d’après midi.