Genève

Solaire à Genève : obligation ou souplesse ?

15.04.2025 18h58 Delphine Palma

solaire

Faut-il rendre obligatoire l’installation de panneaux solaires sur tous les toits adaptés du canton ? C’est la question à laquelle les Genevois devront répondre le 18 mai prochain.
Le texte, porté par le Parti vert’libéral, veut imposer une transition solaire rapide et massive. En face, un contreprojet soutenu par une majorité du Grand Conseil prône une approche plus modérée, mais jugée plus efficace par ses défenseurs.

Donner un sacré coup de boost à l’énergie solaire. C’est l’objectif de l’initiative baptisée «Pour une transition rapide vers le solaire». Aujourd’hui, à peine 5% du potentiel photovoltaïque du canton est exploité, estiment les initiants. Leur ambition : passer à la vitesse supérieure et atteindre 30, 40, voire 50% de ce potentiel d’ici dix ans.

Pour y parvenir, la pose de panneaux solaires, actuellement facultative, deviendrait obligatoire sur toutes les toitures et façades existantes jugées adaptées. «C’est le Conseil d’État qui a plein pouvoir pour décider ce qui est le plus adapté, explique Aurélien Barakat, président des Vert’libéraux à l'origine de cette initiative. Et lorsque le bâti existant est adapté à faire une belle centrale solaire dans des endroits où ce serait rentable, utile, alors dans ce cadre-là, ça devient obligatoire.»

Deux projets à choix 

L’initiative sera soumise au vote populaire le 18 mai. Mais elle fait face à un contreprojet, adopté à l’unanimité par le Grand Conseil en décembre dernier. Ce texte est moins contraignant : il rend le solaire obligatoire uniquement pour les nouvelles constructions, les rénovations, et pour les bâtiments existants à forte consommation d’énergie.

Un compromis jugé plus réaliste par les partis de droite et les milieux immobiliers, qui ont officiellement lancé leur campagne ce mardi. «Il faut aller par étapes et il faut aller au plus rapide et au plus efficace, synthétise Stéphane Penet, président de la CGI. Le plus efficace, c’est de mettre des panneaux solaires dans les endroits où il y en a vraiment besoin, où on peut vraiment produire de l’énergie. Industrie, zone agricole, grands bâtiments, grands toits plats. Et là, on arrive vraiment à faire baisser les consommations fossiles et à passer au solaire de manière pragmatique.»

Ambitieux ou réaliste? 

Mais pour les initiants, le contreprojet manque clairement d’ambition. Selon eux, impossible d’atteindre les objectifs climatiques sans s’attaquer au bâti existant, insiste Aurélien Barakat. «L’essentiel de Genève, c’est du bâti. Et si on veut passer la deuxième et vraiment aller vers la transition vers l’énergie solaire, qui est une énergie propre, bon marché, il faut qu’on s’attaque au bâti. Sinon, dans cinq ans, on va se reposer à nouveau la même question.»

De leur côté, la droite et les milieux immobiliers répondent avec une affiche : des toits et des façades couverts de panneaux solaires, pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un excès de la mesure. Ils insistent sur un autre point : le contreprojet est une loi déjà rédigée, immédiatement applicable, contrairement à l’initiative, qui impose un cadre à créer. «Nous voterons sur une loi, et cela permet aux autorités de la mettre en place directement», conclut Stéphane Penet.

Depuis l’adoption du contreprojet, les lignes politiques ont bougé. Les Verts, les socialistes et Le Centre appellent à voter en faveur de l’initiative en plus du contreprojet.