Genève

Sophie Creffield: «Helsana scie la branche sur laquelle elle est assise»

06.02.2025 19h51 Rédaction

Sophie Creffield

80'000 assurés Helsana genevois ne peuvent plus accéder aux soins des cliniques, notamment La Colline. Un conflit sur le modèle tarifaire des médecins indépendants met en péril le libre choix des patients et pourrait saturer les HUG, alerte les cliniques privées.

Un bras de fer entre l’assurance Helsana et les cliniques genevoises, dont Hirslanden La Colline, prive désormais 80'000 assurés de soins dans ces établissements. La directrice de cette clinique, Sophie Creffield, alerte sur les conséquences pour les patients, notamment ceux atteints de maladies chroniques.

Elle qualifie cette situation de «dramatique», soulignant que de nombreux patients suivis pour des maladies chroniques se retrouvent sans accès à leurs médecins habituels ni aux infrastructures des cliniques. 

Sophie Creffield précise que ce problème n’est pas lié à un désaccord tarifaire entre les cliniques et les assurances, mais plutôt à une controverse autour du modèle tarifaire des médecins indépendants, jugé incompatible avec les exigences de la FINMA par Helsana. Pourtant, d'autres assureurs, tels que Groupe Mutuel et Swica, continuent de fonctionner avec ce modèle. La directe de la clinique la Colline perçoit la situation comme un coup de pression malvenu de la part des assureurs. 

Des patients sous pression

Selon Sophie Creffield, les conséquences immédiates sont alarmantes. Certains patients reçoivent des appels de leur assureur quelques heures avant une intervention majeure, leur demandant de changer de médecin ou de clinique. «Ces personnes ont payé toute leur vie une assurance complémentaire pour le libre choix du médecin et de la clinique. Aujourd'hui, on leur retire ce droit», déplore-t-elle.

Le conflit pourrait également avoir un impact systémique sur les HUG. En cas de doute, les patients et ambulances pourraient se tourner massivement vers ces hôpitaux publics, augmentant la pression sur leurs services d’urgence déjà sollicités. «Les cliniques jouent un rôle crucial dans l’écosystème de soins du canton. Les priver de leur mission impacte tout le système», affirme-t-elle.

Malgré les ajustements effectués par les cliniques ces dernières années pour répondre aux baisses de tarifs et aux exigences réglementaires, ce conflit illustre une tension grandissante entre les acteurs de la santé privée et les assurances. Sophie Creffield appelle à un dialogue pour éviter que les patients ne soient les principales victimes de cette situation.