Sous la rade, un village préhistorique scruté par les archéologues
C’est un morceau d’histoire caché sous les eaux de la rade. La station palafittique "Pâquis A", vestige d’un village du Bronze final, intrigue et inquiète les archéologues. Menacée par l’érosion et par la projet de plage au quai Wilson, le site fait en ce moment l’objet d’une campagne de prospection et d’évaluation.
C’est à 3 mètres sous la surface du lac qu’une équipe de plongeurs et un scaphandrier ratissent ces jours-ci le fond du lac.
Juste en face du Palais Wilson, le Service cantonal d’archéologie mène une campagne de prospection et fouille une petite zone d’un site palafittique baptisé Pâquis A. Ici, vers 1070 avant Jésus-Christ, se trouvait un village de maisons sur pilotis, l’un des sept découverts dans la rade de Genève.
Mission test en cours
Sous l’eau, une mission de test est en cours explique Thibaud Constantin, archéologue au service d’archéologie. «Ici, on peut voir deux plongeurs en train de fouiller cette zone. Cela permet de tester nos façons de travailler et d’éventuellement étendre nos méthodes à l’ensemble du site. Il s’étend sur 15'000 m².»
Depuis une semaine, la pêche est bonne. Les archéologues ont remonté à la surface des dizaines de morceaux de céramique. «On n’imaginait pas trouver autant de tessons. Le site est riche», se réjouit Gionata Consagra, le second archéologue en charge de cette fouille.
Un site menacé
L’équipe imagine aussi retrouver des pièces en bronze — épingles ou outils — et bien sûr les pilotis caractéristiques des villages palafittiques. Quelques-uns sont encore visibles, mais plusieurs centaines sont enterrés sous les sédiments. «Le courant fait que le pieu se réduit à presque rien et disparaît. La couche archéologique disparaît aussi.» «Ce site est voué à disparaître et notre devoir est de protéger le patrimoine genevois», renchérit Thibaud Constantin.
Le site, connu depuis les années 1920, a déjà été partiellement fouillé. Avec cette courte campagne de trois semaines, il s’agit de préparer de futures fouilles plus complètes. En plus de l’érosion, c’est aussi le projet d’une plage au quai Wilson qui menace ces vestiges.
«La ville et le canton travaillent en coordination sur ce projet», indique l'archéologue cantonal, Nathan Badoud.« L'aménagement de la plage est subordonné à la fouille préventive du site», rajoute le chercheur.