Genève

Sous pression, Frédérique Perler fait retirer ses panneaux polémiques

01.11.2024 18h33 Jérémy Seydoux, Denis Palma

.

EXCLUSIF - Accusée de faire de la propagande politique aux frais du contribuable avec des panneaux «informatifs», Frédérique Perler fait retirer dans l’urgence les installations, révèle Léman Bleu.

En pleine campagne électorale, des panneaux présentés comme «informatifs», par la Ville de Genève, alimentent la polémique.

Vantant sans contradiction les avantages de la passerelle du Mont-Blanc soumise à votation le 24 novembre prochain, ces panneaux n’ont pas manqué de faire bondir les opposants au projet, parmi lesquels le MCG et Ensemble à Gauche. Le MCG a en effet déposé un recours devant la justice, demandant l’annulation du scrutin, alors que Philippe Oberson saisissait le Conseil d'État. 

La jurisprudence est en effet très restrictive en ce qui concerne les prises de position des exécutifs en marge des campagnes de votations. Ils peuvent s’exprimer, mais avec retenue. Des limites susceptibles d’avoir été dépassées dans le cas d’espèce, motivant ces recours devant la justice.

Vraisemblablement dans l’embarras, Frédérique Perler a fait volte-face, a appris Léman Bleu. Un courrier émanant de ses services, adressé à la Chambre constitutionnelle de la Cour de Justice dans le cadre de la procédure judiciaire en cours, annonce que les panneaux litigieux ont été retirés en début de semaine.

Dans ce même courrier, la Ville dit persister dans ses conclusions sur le fond, contestant l’annulation du scrutin demandée par les recourants.

Dans la Tribune de Genève, la porte-parole du Département de l'aménagement, des constructions et de la mobilité (DACM) prétend que ce retrait n'est «pas en lien» avec la procédure juridique mais que la décision aurait été prise parce que les citoyens «commencent à recevoir le matériel de vote». Des affirmations erronées qui relèvent de la désinformation constate Léman Bleu. 

En effet, selon des documents que notre rédaction a pu consulter, les affirmations des services de Frédérique Perler sont mensongères. La désinstallation des panneaux était prévue pour «fin novembre», ce qu'indique le contrat de mandat attribué à la société de communication en charge de la campagne d'affichage. Ce retrait précipité un mois avant le délai prévu est donc bel et bien lié à la polémique en cours. [Article mis à jour le 2 novembre 2024]

Pour les opposants au projet de passerelle, ce retrait est une bonne nouvelle. Le MCG parle de demi-victoire. «C'est la moitié du chemin qui a été parcourue, car il y a encore des flyers qui restent visibles sur le site internet de la Ville. Ce n’est pas acceptable», estime François Baertschi, président du Mouvement Citoyen genevois. 

À l’extrême gauche, on juge que le mal est fait. À travers ces panneaux, la «Ville de Genève a faussé le débat, selon le président du Parti du travail: on ne peut que regretter le manque de respect pour le débat démocratique par la ville qui a posé ces panneaux avec des arguments présentés de manière unilatérale avec l’argent de tous les contribuables, y compris ceux qui sont opposés au projet», relève Tobia Schnebli.          

La justice n’a pas encore tranché, alors que le processus de vote a déjà débuté et que les premières enveloppes de votes ont déjà été adressées par les électeurs au service cantonal des votations. Ces panneaux installés en pleine campagne électorale représentent une dépense de 50’000 francs.